Testament spirituel de Mgr Bernard MORIN
Mgr Bernard MORIN, 9ème Supérieur de l’Institution Join-Lambert, a rejoint la Maison du Père le 15 septembre dernier. Les obsèques ont eu lieu à la Cathédrale Notre-Dame de Rouen, le vendredi 19 septembre, en présence d’une foule considérable, dont de nombreux anciens élèves. M. Eude, Directeur, a lu une des intentions de la prière universelle : « Sois loué, Seigneur, pour ton serviteur, Mgr Bernard Morin, qui a toujours accueilli avec son sourire matinal chaque élève franchissant le porche de l’Institution Join-Lambert, qui a accompagné ces jeunes avec le regard bienveillant d’un véritable éducateur nourri de l’Evangile et pétri d’humanisme, et qui a oeuvré avec opiniâtreté pour l’Enseignement Catholique au sein de notre Diocèse de Rouen. Donne-nous de prendre exemple sur lui pour servir les jeunes d’aujourd’hui ».
Lors de ces obsèques, son « Testament spirituel » fut lu. Le voici intégralement.
« Comme sans doute certains d’entre vous, je connais le silence de la présence de Dieu qui manque encore quand j’ai la certitude qu’Il est déjà là.
Je reste fidèle à Celui qui, je le crois, à saisi toute ma vie.
Je comprends davantage que la foi ne me donne pas d’adhérer à un savoir ou à une doctrine mais à une Personne qui me fait confiance et m’aime, même si parfois cette confiance et cet amour manquent de racines en moi.
Dans l’Evangile, je remarque que beaucoup ont cru en Jésus : ils avaient vu des signes admirables et ils avaient perçu la puissance de la parole du Seigneur, sa lumière de vérité. Mais comme beaucoup de ces grands ancêtres dans la foi, je suis l’homme d’un moment et aussi quand Jésus affirme très clairement ses exigences et surtout qu’il est l’envoyé du Père, alors, moi aussi, j’ai envie de me retirer : « cette parole est rude, qui peut l’écouter ? ».
J’entends cependant Jésus qui, devant ce vide qui se creuse autour de lui, m’interroge : « Et toi, ne veux-tu pas sortir ? » Comme j’aimerais pouvoir proclamer avec conviction et la vérité de Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la Vie éternelle. » A qui ? Sinon à toi ?
Ils avaient vu, eux, que le Seigneur était l’unique, le seul qui puisse donner sens au don total de leur vie d’homme. Ils restent et ils tiennent bon dans la foi. Et ils m’incitent à réentendre la parole qu’un jour j’ai perçue : « Viens et vois… »
Souvent dans ma vie sacerdotale, j’aurais pu partir vers un ailleurs, suivre un autre chemin, mais je veux bien le confier, j’ai senti au fond de moi un visage et une force qui m’ont retenu.
Et pour finir, grâce à l’Esprit, je n’avais pas d’autres libertés que de rester et de préférer Celui qui, plus fort que moi-même, voulait me garder.
J’espère profondément en ce Dieu Père, Fils, Esprit, déjà présent et j’espère qu’un jour je Le verrai et qu’en Le voyant, je découvrirait cette lumière que j’ai cherchée à tâtons : « Béni soit l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur et dont le Seigneur est l’espérance » (Jérémie).
Le prophète ajoutait : « Le coeur de l’homme est rusé et pervers ».
J’aime mon Seigneur quand Il proclame : « Moi, je scrute le coeur, je sonde les reins ». Oui, Seigneur, scrute mon coeur, découvre ce qui s’y cache, sans doute mes fautes et mes infidélités, mais aussi mon vrai désir de servir et d’aimer.
J’affirme que j’ai beaucoup aimé l’Eglise universelle et l’Eglise diocésaine.
C’est elle qui m’a appelé pour le service de Jésus-Christ auprès des jeunes.
Je n’ai regretté aucun des ministères qui m’ont été confiés.
Que ceux auxquels j’ai manqué, ceux que j’ai pu scandaliser me pardonnent et que le Seigneur que j’ai médiocrement servi me garde sa tendresse. »