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Déc
Les Forums régionaux du savoir ……
Organisés par la région Haute-Normandie dans l’hémicycle de l’Hôtel de région en collaboration avec l’association Science Action, ils ont pour vocation première de promouvoir la culture scientifique et de renforcer l’attrait des formations scientifiques et techniques auprès des jeunes ainsi que de saisir la place et le rôle des sciences dans les enjeux de la société
C’était entre octobre et décembre 2008.
Ils ont été 25 élèves de terminale … et quelques uns de leurs professeurs à participer à l’une ou l’autre de ces rencontres. Quatre thèmes sélectionnés : 1) 9 milliards d’hommes sur la planète en 2050. Jusqu’où ira la croissance démographique ? 2) De la matière à la vie : Chimie ? Chimie ! 3) L’eau en question : une mesure spatiale de la ressource. 4) L’Ethique, choix technique, politique, philosophique ?
D’excellents orateurs comme Jean Marie Lehn (prix Nobel de chimie) ou Axel Kahn (parrain de la manifestation).
Une occasion donnée de s’asseoir dans l’hémicycle de l’hôtel de région en compagnie d’un public érudit et très sérieux.
Pourtant … les visages souriants sur les quelques photos prises attestent que savoir et bonne humeur peuvent aller de pair.
Ce qu’ils en ont dit :
Charlotte : Les deux conférences ont été intéressantes même si certaines choses n’étaient pas compréhensibles pour nous. J’y retournerai volontiers selon le thème proposé ;
Pauline : Conférences très intéressantes, celle sur l’éthique tout particulièrement. Merci beaucoup de nous les avoir proposées. J’ai particulièrement aimé l’intervention d’Axel Kahn pour sa simplicité. Le passage sur l’euthanasie était passionnant.
Marine : Merci pour ces conférences, je n’ai participé qu’à une seule (la première) qui était bien au début. Je regrette de ne pas avoir participé à celle d’hier , il paraît qu’elle était super.
Juliette : J’ai assisté à la première et à la dernière de ces conférences. Celle avec Axel Kahn m’a particulièrement inréressée, le début était cependant un peu compliqué. La première conférence était trop simple, l’intervenant ne sortait pas des chiffres et statistiques qu’il avait sur son ordinateur.
Camille : J’ai assisté à 3 conférences qui étaient très intéressantes : celle sur la démographie un peu longue …, la conférence sur la chimie, très instructive mais un peu compliquée. Merci de nous avoir permis de participer.
Bastien : Des moments parfois moins intéressants et trop compliqués mais l’ensemble est intéressant et très instructif.
Julien. F : Cela m’a beaucoup appris sur les problèmes liés à l’eau. Cela m’a beaucoup plu. Merci beaucoup
Un message à l’adresse des jeunes …
A propos de la réflexion d’Axel Kahn, à la fois philosophique et scientifique, sur les questions d’éthique.
L’éthique est une réflexion sur ce qu’il est légitime de faire. Si par conséquent, la science s’applique à l’homme, la légitimité de sa pratique devient problématique.
Ainsi le principe de précaution ne peut être nié, lui qui consiste à minimiser le risque sans pour autant s’interdire toute action positive. Gardons-nous donc de disqualifier une procédure au motif qu’elle est nouvelle .
Après une fièvre progressiste, entre le XIXe et le XXe siècle, où la science avait monopolisé l’intelligence humaine, nous assistons à une dépression scientiste, initiée par une analyse erronée de ce principe de précaution et illustrée par les interrogations soulevées par les OGM, le nucléaire, l’affaire du sang contaminé …
Le débat ne date pas d’aujourd’hui. Déjà Socrate, pour qui le vrai entraîne le bien, s’opposait au relativisme d’un Protagoras qui dissociait le vrai du bien, préfigurant l’aphorisme de Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». C’est encore aujourd’hui le conflit majeur au sein des comités d’éthique.
Les lumières avaient récupéré l’optimisme socratique en liant le bonheur aux progrès des connaissances contre l’obscurantisme, et en prophétisant l’homme sage à venir. Deux siècles plus tard, Fritz Haber, à l’origine de procédés de fabrication d’engrais mais aussi de gaz de combat, illustre cette ambivalence inhérente à l’humanité. Un être libre ne peut pas ètre déterminé à n’utiliser ce qu’il sait faire que dans un seul but. Il convient alors de ne pas oublier de fixer un but, cela ne survient pas tout naturellement. En effet, l’homme, au cours du siècle dernier a mobilisé son savoir ce qui lui a permis d’augmenter son pouvoir assurant ainsi la prospérité des nations mais de façon incroyablement inégalitaire. Le projet doit donc être politique, il n’est pas d’ordre scientifique et technique. Il faut que l’enrichissement soit affecté au développement et à l’amélioration des conditions de vie de ceux qui sont en retard.
Il faut redynamiser l’optimisme, s’ouvrir de nouveau à la connaissance et poser les bonnes questions : Quels buts peuvent m’engager ? Quel est l’objectif juste ? Quelle est la voie bonne ?
A l’adresse des jeunes pour finir : « A l’encontre du discours ambiant, osez l’aventure de la connaissance ! L’avenir n’est pas écrit, il dépend de ce que vous en ferez. »
G. Goujon (SVT) et G. Fizel (Philosophie)