En mémoire de Jean Gosselin
Une Messe a été célébrée dans la Chapelle, samedi dernier, à 15h, par le Père Abbé du Bec-Helluin, en mémoire de Jean Gosselin.
Ancien élève de l’Institution, Jean Gosselin s’est éteint, le 8 janvier 2012. Une grande figure d’Apprentis d’Auteuil qui aura consacré sa vie aux jeunes en difficulté, dans un total don de soi. Éducateur-né, il aura profondément marqué plusieurs générations de jeunes, mais aussi tous ceux qui l’ont côtoyé. Retour sur son parcours, tout entier dédié à l’enfance. Jean Gosselin est décédé le 8 janvier 2012.
C’est le 3 mars 1943 que Jean Gosselin, un jeune Rouennais de 19 ans, fait son entrée à la maison Saint-Jean de Sannois, dans le nord-ouest parisien, tout d’abord en convalescence dans l’établissement. Il avait fait toutes ses études à l’Institution, de la Onzième à la Terminale.
Sous la direction du père Barat, il y apprendra son métier et révélera des dons hors pairs pour l’éducatif. Jean Gosselin endosse successivement les responsabilités de surveillant, d’éducateur, d’animateur, d’éducateur-chef. Il est guidé par une intuition profonde – l’éducation ne peut être qu’une alliance de bienveillance et d’exigence – et par le souci évangélique de son prochain. Il n’a de cesse d’offrir à “ses petits gars”, comme il les appelle, le regard et l’attention qui leur ont manqué. Il s’attache à connaître chacun par son prénom, s’arrête pour demander des nouvelles, sait hausser le ton quand il le faut. L’Hermitage, autre nom de la maison Saint-Jean, est SA maison, son ancrage. Il en devient le directeur en 1960.
Jean Gosselin s’applique à améliorer le cadre dans lequel les jeunes sont accueillis, à offrir “du beau”, à promouvoir les loisirs et le sport, facteurs de développement de la personnalité, parallèlement à l’enseignement général et professionnel dispensé.
C’est aussi un homme engagé dans la vie politique et sociale locale, il sera plus de trente ans conseiller municipal de Sannois, assesseur du juge des enfants de Pontoise, membre du comité départemental de l’Enseignement catholique, trésorier de l’association Contact, club de prévention d’Argenteuil.
Le directeur de l’ouverture et de la modernisation.
Au départ du père Jean Le Gall, en 1973, Jean Gosselin est sollicité pour prendre la direction de la fondation. Premier laïc à assumer cette mission, il l’accepte en formulant le souhait de continuer à diriger la maison Saint-Jean, si chère à son cœur, ce qu’il fera jusqu’en 1989.
Il est secondé tout d’abord par le père Antoine Jacquart, qui assure la tutelle spiritaine jusqu’en 1976, et par François Mollet, directeurs généraux adjoints. Durant ses années de direction, Jean Gosselin intensifie le dialogue avec les pouvoirs publics, lance des négociations avec la DDASS et les premiers contrats d’association avec l’Éducation nationale, tout en veillant à garder à la fondation son caractère propre et son indépendance.
Il organise en 1974 la première session annuelle de directeurs de maison à Morsang-sur-Seine pour assurer leur cohésion, élabore le Projet éducatif en 1975, véritable colonne vertébrale de l’œuvre, avec le concours du personnel des maisons. Il sera publié le 1er octobre 1975, jour de la fête de sainte Thérèse, signe de son grand attachement à la petite sainte de Lisieux.
Il lancera également le premier pèlerinage des jeunes et des équipes, à Lisieux, en 1987, tradition qui perdure toujours.
Il crée À l’écoute en 1979, héritier d’une longue tradition de presse à la fondation depuis l’abbé Roussel, et successeur du Courrier des Orphelins Apprentis d’Auteuil. Jean Gosselin en fait un magazine ouvert sur l’extérieur, trait d’union et d’amitié entre la fondation et ses donateurs.
Alors que la société française vit une période de mutation, que l’on commence à prendre en compte les besoins spécifiques de l’enfant, la fondation n’est pas en reste. Jean Gosselin professionnalise ses équipes, il humanise l’accueil, avec toujours ces questions qu’il relaye aux équipes :
« Avons-nous toujours le bien du jeune à l’esprit ? Offre-t-on un climat d’amour ? »
Ainsi, il crée les unités de vie par chambres de 2 à 4 jeunes, en lieu et place des grands dortoirs d’antan, les “salles à manger” remplacent les réfectoires. Il sait également insuffler à ses équipes « l’envie de soulever des montagnes », pour les jeunes.
Homme de cœur, serviteur de tous
Sous sa direction, de nombreux établissements d’accueil ou de vacances sont créés : Daniel Brottier (Bouguenais), Jean-Marie Vianney (La Côte-Saint-André), Saint- Jean-Eudes (Lisieux), Saint-François-de- Sales (Marseille), Maximilien Kolbe (Boulogne-Billancourt), Marcel Callo (Cempuis), et aussi Saint-Yves (Santec), Sainte-Anne (Roscoff), Charles de Foucauld (Morbier), Élisabeth de la Trinité (Créceysur- Tille), Notre-Dame de Toutes Joies (Lourdes), Saint- Pie X (Domont), L’Espérance (la Martinique), La Ruche (La Réunion)…
Il reçoit la Légion d’honneur, le grade de chevalier en 1980, d’officier en 1990. Il reçoit également les palmes académiques, en 1982.
Mais cet homme d’une grande modestie n’est heureux que dans le don de soi, dans le souci du plus pauvre. « Modeste entre les modestes, dévoué entre les dévoués, exemplaire par un don constant et parfois aux limites de ses forces, aux enfants d’Auteuil », dira de lui André Bettencourt, administrateur, en 1990.
Cet homme d’action, jamais en repos, est aussi un homme de foi et de prière qui s’en remet à la Providence et en appelle au père Brottier pour boucler son année…
Il rencontrera Jean-Paul II à maintes reprises : lors de la béatification du père Laval, en 1979, lors de la béatification du père Brottier, en 1984. Il conduira également une délégation d’une centaine de jeunes à Castel Gandolfo, sur l’invitation du Pape, pour lui présenter le spectacle Jonathan, graine d’amour, en 1989.
Les retombées de la béatification du père Brottier sont immenses.
À son départ en 1991, Jean Gosselin continue à œuvrer pour la fondation, en particulier pour les donateurs et les anciens, à travers À l’écoute et son comité de rédaction, et en prenant la tête de l’association des anciens. « Un ancien, c’est sacré », avait-il coutume de dire. « Jean Gosselin restera dans la mémoire collective comme un exemple de don de soi aux plus démunis, conclura François Content, directeur général d’Apprentis d’Auteuil, lors de ses obsèques, le 11 janvier.
L’amour pour les plus pauvres a toujours guidé son action et ses décisions. Ami du Ciel, désormais aux côtés de nos fondateurs, cher Jean, vous continuerez d’une autre manière à œuvrer, soutenir et protéger Apprentis d’Auteuil que vous avez servi fidèlement avec tant de dévouement et d’abnégation. Au nom des 13 000 jeunes et des 200 établissements d’Apprentis d’Auteuil, mon cher Jean, Merci. »
(source : Fondation d’Auteuil)