21 Fév

UN CAREME DE CHARITE : message de Mgr Descubes

UN CAREME DE CHARITE

 

« Faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes ».

 

En citant ce verset de la Lettre aux Hébreux (10, 24), le pape Benoît XVI nous invite à faire de ce carême un temps privilégié de charité.

 

La charité nous fait marcher sur le chemin de la pleine communion avec Dieu et avec nos frères.

 

Quarante jours s’ouvrent devant nous pour accompagner les adultes qui seront baptisés, confirmés et admis à la communion au cours de la veillée pascale. Ils seront 55 à être appelés, le dimanche 26 février à 17 h., en l’église de l’Immaculée Conception d’Elbeuf.

 

Chaque année l’Appel décisif est l’une des célébrations les plus émouvantes qu’il m’est donné de présider.

 

Nous y sommes les témoins émerveillés des initiatives de Dieu pour se faire librement aimer d’hommes et de femmes qu’il aime avec passion. Il leur révèle son amour à travers des événements heureux ou des épreuves et par la rencontre de chrétiens.

 

Si vous le pouvez, venez participer à cette célébration. Et si vous avez la chance de compter des catéchumènes dans votre paroisse, accompagnez-les de votre prière et de votre amitié tout au long de ce carême.

 

Quarante jours aussi pour que nous prenions le temps de nous interroger sur la qualité de notre vie chrétienne, de notre charité pour Dieu et pour nos frères.

 

Nous sommes redevables à nos frères de la bonne nouvelle de l’Evangile puisque son annonce est la mission de l’Eglise que nous formons autour du Christ. Nous avons une responsabilité les uns envers les autres : matériellement, c’est évident en ce temps de crise, spirituellement aussi.

 

Faire attention invite à fixer le regard sur l’autre : sur Dieu et sur les autres qui sont nos frères, à ne pas se montrer étrangers, indifférents à leur destin.

 

L’absence de Dieu est la vraie racine des injustices actuelles, de la corruption, de l’accumulation de l’argent, de la violence : autant de maux qui détruisent les personnes et minent les sociétés.

 

Mais comment révéler Dieu sans prendre le temps de le connaitre, de l’écouter et de lui parler, de le prier ? Le carême nous est offert afin de libérer du temps pour que Dieu nous transforme et nous convertisse, et afin de nous libérer nous-mêmes de ce qui nous asservit tout au long de nos journées.  Vivre la sobriété et le silence n’est pas chose facile mais un combat spirituel. Il nous décentre de nous-mêmes et il nous permet d’être en communion avec Dieu et avec nos frères dans leurs joies comme dans leurs souffrances.

Il ne s’agit pas de s’abstraire de ses obligations, de ses engagements personnels ou familiaux, de ses études ou de sa profession, mais de faire la vérité, en l’arrachant à ce qui la retient prisonnière pour la livrer à celui qui est la source de sa liberté et de sa fécondité.

 

Trois moyens traditionnels nous sont proposés pour tourner le dos à ce qui conduit à la mort et pour marcher avec les catéchumènes vers la source de la vie, de la liberté, de l’amour et de la lumière :

 

          la prière : pour découvrir et approfondir la présence de Dieu en nous et autour de nous ;

          le jeûne : pour se persuader soi-même que seul Dieu peut combler totalement notre attente ;

          le partage, l’aumône : même le plus petit geste compte quand il est accompli avec et dans l’amour de Dieu.

 

Voilà qui ne nous détournera pas de ce qui occupe déjà et occupera encore davantage l’actualité de notre pays et nos conversations : les prochaines échéances électorales. Elles sont importantes puisque nos votes dessineront les grandes lignes de la société des cinq prochaines années.

 

Plus nous serons libres spirituellement, plus nous serons capables de réfléchir aux enjeux humains et sociaux des projets qui nous sont présentés même si, en fin de compte, voter est toujours un choix imparfait car aucun programme ne peut répondre à toutes les attentes.

 

Préparer sérieusement ce choix est aussi une manière de vivre sérieusement le carême.

 

« Les chrétiens savent que la politique n’est pas le tout de la vie humaine puisque pour eux l’homme ne se réalise pleinement qu’en Dieu. Mais ils savent aussi qu’ils participent au dessein de Dieu sur l’humanité, en œuvrant pour l’unité de la famille humaine et pour la dignité de chacun de ses membres. Ils travaillent ainsi à l’instauration du Royaume de Dieu sur terre, même si ce Royaume n’atteindra jamais sa plénitude en ce monde » (Commission sociale de l’Episcopat, Réhabiliter la politique, 1999).

 

Comme l’écrivait le pape Pie XI « le domaine de la politique est le champ de la plus vaste charité ».

 

11 février 2012

Jean-Charles Descubes

Archevêque de Rouen