13 Mar

Annuntio vobis gaudium magnum : habemus Papam !

Les cardinaux réunis en conclave ont élu, au cinquième tour de scrutin, un successeur à Benoît XVI. Et c’est Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires (Argentine) depuis 1998, qui a été choisi par ses pairs.

 

A 19h06, la fumée blanche s’échappe de la chapelle Sixtine, annonçant l’élection. Ce jésuite de 76 ans prend le nom de François, 266ème pape. Ses premiers mots, simples et humbles, ont été de demander à la foule de prier pour lui et de le bénir, lui, le pape du «bout du monde».

 

Jeudi matin, il a prévu de rendre visite à son prédécesseur à Castel Gandolfo. Pour sa première journée en tant que pape, François a également dit qu’il se rendrait à la Basilique Sainte-Marie Majeure, afin de «prier la Vierge pour qu’elle protège la ville de Rome». Sa messe d’installation aura, elle, lieu le mardi 19 mars, le jour de la Saint Joseph, patron de l’Eglise catholique.

 

Nous reproduisons la biographie officielle du nouveau Pape, éditée à l’occasion du Conclave, par la salle de presse du Saint Siège.

 

Le premier pape américain est le jésuite argentin Jorge Mario Bergoglio, 77 ans, archevêque de Buenos Aires. C’est une haute figure de tout le continent et un pasteur simple et très aimé dans son diocèse, qu’il a visité en long et en large, aussi en métro et en autobus, au cours des quinze ans de son ministère épiscopal. « Mes gens sont pauvres et je suis un des leurs », a t-il dit à plusieurs reprises pour expliquer son choix d’habiter dans un appartement et de se préparer le repas du soir tout seul.

 

Il a toujours recommandé à ses prêtres la miséricorde, le courage apostolique et d’ouvrir les portes à tous. Le pire qui puisse arriver dans l’Eglise, a-t-il expliqué à plusieurs occasions, « est ce que de Lubac appelle la mondanité spirituelle », qui signifie « se mettre soi-même au centre ». Et quand il cite la justice sociale, il invite à reprendre en main le catéchisme, à redécouvrir les dix commandements et les béatitudes. Son projet est simple: si l’on suit le Christ, l’on comprend que « piétiner la dignité d’une personne est un péché grave ».

 

Malgré son caractère timide – sa biographie officielle ne comporte que quelques lignes, au moins jusqu’à sa nomination comme archevêque de Buenos Aires – il est devenu un point de référence pour ses fortes prises de position lors de la dramatique crise économique qui a bouleversé son pays en 2001.

 

Il est né dans la capitale argentine le 17 décembre 1936, fils d’émigrants piémontais: son père Mario est comptable, employé des chemins de fer, tandis que sa mère, Regina Sivori, s’occupe de la maison et de l’éducation de ses cinq enfants.

 

Diplômé comme technicien en chimie, il choisit ensuite la voie du sacerdoce en entrant au séminaire diocésain de Villa Devoto. Le 11 mars 1958 il passe au noviciat de la Compagnie de Jésus. Il complète ses études de lettres au Chili et en 1963, revient en Argentine et obtient une maîtrise en philosophie au collège saint Joseph à San Miguel. Entre 1964 et 1965 il est professeur de littérature et psychologie au collège de l’Immaculée de Santa Fé et en 1966 il enseigne les mêmes matières au collège du Sauveur à Buenos Aires. De 1967 à 1970 il étudie la théologie et obtient une maîtrise toujours au collège Saint-Joseph.

  

Il a été ordonné prêtre le 13 décembre 1969 par l’archevêque Ramón José Castellano. Il poursuit sa préparation entre 1970 et 1971 à Alcalà de Henares, en Espagne, et, le 22 avril 1973, il émet sa profession perpétuelle chez les jésuites. A nouveau en Argentine, il est maitre des novices à Villa Barilari à San Miguel, professeur à la faculté de théologie, consulteur de la province de la Compagnie de Jésus et aussi recteur du Collège.

 

Le 31 juillet 1973 il est élu provincial des jésuites d’Argentine, charge qu’il occupera pendant six ans. Il reprend ensuite le travail sur le campus universitaire et, entre 1980 et 1986, il est à nouveau recteur du collège Saint-Joseph, et curé encore à San Miguel. En mars 1986 il se rend en Allemagne pour terminer sa thèse de doctorat; ses supérieurs l’envoient ensuite au collège du Sauveur à Buenos Aires et ensuite à l’église de la Compagnie dans la ville de Cordoba, comme directeur spirituel et confesseur.

 

C’est le cardinal Antonio Quarracino qui le veut comme son étroit collaborateur à Buenos Aires. Ainsi, le 20 mai 1992, Jean-Paul II le nomme évêque titulaire d’Auca et auxiliaire de Buenos Aires. Le 27 juin, il reçoit dans la cathédrale l’ordination épiscopale précisément des mains du cardinal. Il choisit comme devise Miserando atque eligendo et insère dans son blason le christogramme IHS, symbole de la Compagnie de Jésus.

 

Il accorde son premier entretien en tant qu’évêque à un petit journal paroissial, Estrellita de Belém. Il est immédiatement nommé vicaire épiscopal de la zone Flores et le 21 décembre 1993, il reçoit également la charge de vicaire général de l’archidiocèse. Ce n’est donc pas une surprise lorsque, le 3 juin 1997, il est promu archevêque coadjuteur de Buenos Aires. Moins de neuf mois plus tard, à la mort du cardinal Quarracino, il lui succède, le 28 février 1998, comme archevêque, primat d’Argentine et ordinaire pour les fidèles de rite oriental résidant dans le pays et dépourvus d’ordinaire de leur propre rite. Trois ans plus tard, lors du Consistoire du 21 février 2001, Jean-Paul II le crée cardinal, lui assignant le titre de saint Roberto Bellarmino. Il invite les fidèles à ne pas se rendre à Rome pour fêter son cardinalat et à destiner aux pauvres l’argent du voyage. Grand chancelier de l’Universié catholique argentine, il est l’auteur des livres Meditaciones para religiosos (1982), Reflexiones sobre la vida apostólica (1986) et Reflexiones de esperanza (1992).

 

En octobre 2001, il est nommé rapporteur général adjoint à la 10ème assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, consacrée au ministère épiscopal. Une tâche qui lui est confiée au dernier moment en remplacement du cardinal Edward Michael Egan, archevêque de New York, contraint à rester dans son pays en raison des attaques terroristes du 11 septembre. Lors du synode, il souligne en particulier la « mission prophétique de l’évêque », son identité de « prophète de justice », son devoir de « prêcher sans cesse » la doctrine sociale de l’Eglise, mais également d’ « exprimer un jugement authentique en matière de foi et de morale ».

 

Entre temps, en Amérique latine, sa figure devient toujours plus populaire. Cependant, il ne perd pas la sobriété de caractère et le style de vie rigoureux, que certains définissent presque « ascétique ». C’est dans cet esprit qu’en 2002, il refuse la nomination comme président de la Conférence épiscopale argentine, mais trois ans plus tard, il est élu, puis reconfirmé pour un nouveau triennat en 2008. Entre temps, en avril 2005, il participe au Conclave au cours duquel est élu Benoît XVI.

 

En tant qu’archevêque de Buenos Aires – diocèse qui possède plus de trois millions d’habitants – il pense à un projet missionnaire centré sur la communion et sur l’évangélisation. Les quatre objectifs principaux sont: des communautés ouvertes et fraternelles; participation active d’un laïcat conscient: évangélisation adressée à tous les habitants de la ville; assistance aux pauvres et aux malades. Il vise à réévangéliser Buenos Aires, « en tenant compte de ceux qui y vivent, de sa configuration, de son histoire ». Il invite les prêtres et les laïcs à travailler ensemble. En septembre 2009, il lance au niveau national la campagne de solidarité pour le bicentenaire de l’indépendance du pays: deux cents œuvres de charité à réaliser d’ici 2016. Et, sur le plan continental, il nourrit de fortes espérances dans le sillage du message de la Conférence d’Aparecida en 2007, qu’il va jusqu’à définir « l’Evangelii nuntiandi de l’Amérique latine ».

 

Jusqu’au début de la vacance du siège, il était membre des Congrégations pour le culte divin et la discipline des sacrements, pour le clergé, pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique; du Conseil pontifical pour la famille et de la Commission pontificale pour l’Amérique latine.