Conférence : L’Evangile peut-il inspirer le management ?
Certaines expériences monastiques, celle de l’économie de communion, tentent de rapprocher ou de mettre en dialogue le monde de l’entreprise et la vie chrétienne. Sont-elles réalistes, utopiques ou prophétiques ? La foi change-t-elle la manière humaine de s’engager et d’être responsable ?
Avec le Frère Samuel Rouvillois, Prêtre de la Communauté Saint-Jean, expert de l’éthique managériale auprès du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), du Medef et auprès de nombreuses entreprises, délégué épiscopal à la culture du diocèse d’Avignon.
La deuxième conférence des « Jeudis du Centre théologique universitaire » du diocèse de Rouen était prononcée par le frère Samuel Rouvillois jeudi 30 janvier dernier, à 20 h, au centre diocésain, sur le thème : « L’Évangile peut-il inspirer le management ? ».
« Il est intéressant de voir comment le Christ regarde le travail dans la vie de l’homme », témoigne l’intervenant. Samuel Rouvillois considère que le travail « est un lieu d’affrontement avec soi-même, avec le monde et les autres, on voit très bien que Jésus vient descendre dans ces conflits intérieurs pour nous offrir un horizon bien plus large ».
Les élèves internes de Terminale étaient présents, accompagnés de Mme Chantal Desbarrières, Directrice adjointe. « Une conférence très intéressante et pleine d’optimisme » a-t-on ensuite entendu…
Voici quelques notes prises par Mme Geneviève Goujon, Professeur :
« La doctrine sociale de l’Église n’a pas commencé avec Léon XIII, ni Paul, mais avec la Torah. La doctrine sociale est donc présente dans la première alliance. Le Christ va lui donner une radicalité nouvelle.
Pourtant la lecture de l’Évangile ne nous aide pas beaucoup : tout ce qu’il ne faut pas faire (en termes de management), le Christ le fait … « Si tu veux être parfait comme le veut notre Père aux cieux, va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres… » ou encore : « Pierre m’aimes-tu ? »
On est devancé par le management divin qui nous donne un cadre comme dans une entreprise. Cela présuppose l’écoute de l’initiative divine de création. Cependant, le dirigeant ne décide pas de ce que les autres doivent faire, même s’il définit un cadre. Cela nécessite une posture d’humilité, d’obéissance. L’homme apprend donc la gouvernance à la Sagesse de Dieu.
La subsidiarité est partage de la responsabilité, vraie confiance réciproque non rationalisable (j’appuie, je soutiens …), autorité qui fait grandir.
Le management biblique est un management de combat. L’ambition biblique est de transformer l’homme, les relations, ce qui est une visée plus large que celle de l’efficacité humaine. Celui qui entreprend une telle tâche rencontrera l’adversité, la moquerie. Cependant si la personne change alors la structure changera car rien ne se passe dans le groupe qui ne se passe dans les personnes.
Manager, c’est l’art de l’accompagnement réciproque (le manager accepte-t-il d’avoir besoin des autres ?). L’alliance fait que l’on est « fabriqué » pour cela. Dieu est voyageur, nomade, alors pourquoi ne le serions-nous pas ? L’alliance se vit en marche … précarité en mouvement … le cœur de l’Évangile. »