Conférence : « Qui est riche en entreprise ? »
Jeudi 26 mars dernier, les élèves de Terminale, accompagnés par M. Fiévet, Responsable de l’Internat, se sont rendus à une conférence, au Centre Diocésain, sur le thème : « Qui est riche en entreprise ? ». Mme Goujon, Professeur, était également présente et nous fait bénéficier de ses notes.
La richesse générée par l’entreprise n’est-t-elle pas accaparée par quelques-uns ? Quelles sont les causes de cet accaparement ? Quelle en est la finalité ? Pierre Deschamps s’est appuyé pour répondre à ces questions sur sa propre expérience d’entrepreneur puis de Président des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens mais aussi entre autres sur les travaux de Pierre-Yves Gomez (Le travail invisible).
La finalité de l’entreprise est de créer des richesses, produits ou services utiles aux clients, à une valeur supérieure à la somme des coûts engagés, cela grâce au travail et au capital, pour enfin rémunérer le travail et le capital. Or cette finalité s’est déformée au détriment des salariés; Il y a même eu inversion des finalités. Avant la finance était au service du travail, maintenant c’est le travail qui est mis au service de la finance.
Cette inversion peut être vue comme une conséquence de « l’esprit de rente » (à distinguer de la rente qui donne les moyens de vivre à ceux qui ne peuvent plus travailler). « L’esprit de rente » pousse lui, chacun à avoir comme idéal de vivre sans travailler et donc aux dépens des autres dans une posture de liberté. C’est le mythe d’une société moderne dans laquelle loisir, temps libre … constituent la norme, et la rente, un droit pour tous.
C’est pour P.-Y. Gomez le moteur de la financiarisation de l’économie. En effet, l’espoir de vivre de ses rentes sous forme de retraites a gagné l’ensemble des salariés et des travailleurs qui ont confié leurs espoirs et leur argent à des gestionnaires de fonds. « Cette accumulation de capitaux disponibles a modifié l’équilibre de l’économie mondiale qui petit à petit s’est entièrement reposée sur la promesse d’une rente généralisée, universelle et permanente. » Ainsi à l’heure actuelle, c’est la promesse de rendement faite aux actionnaires qui ajuste les modalités du travail … pour satisfaire cette promesse. Il existe un code du travail mais pas de code de l’entreprise.
Ce modèle risque de se propager dans les PME comme nouveau modèle à suivre. Comment sans nier le profit aller au-delà de la logique de profit comme but en soi ? Développer la responsabilité sociétale (sociale et environnementale) de l’entreprise. Observer les modèles alternatifs (cf. prochaine conférence de Mme Elena Lasida). Envisager un contrat d’entreprise autour d’un projet commun. Généraliser l’intéressement et la participation et retrouver les vertus initiales de ces mécanismes. Introduire la fonction travail dans les conseils d’administration des entreprises. Réfléchir à l’usage de la richesse acquise (épargne, réinvestissement, consommation, partage, don, restitution), l’argent n’étant pas fait pour être thésaurisé…
… Et garder à l’esprit ce qu’écrivait Jean Paul II dans sa lettre encyclique Laborem exercens : « Le but du travail, de tout travail exécuté par l’homme, fût-ce le plus humble service, le travail le plus monotone selon l’échelle commune d’évaluation, voire le plus marginalisant, reste toujours l’homme lui-même. »
Geneviève Goujon, Professeur