31 Mar

Lettre à la Communauté Educative n° 17

Chers Parents,

Chers Membres du Personnel,

Chers Professeurs,

Chers Amis de l’Institution,

 

Avec le printemps, vient chaque année le temps de la publication des résultats aux différents Baccalauréats, au Certificat de Formation Générale, au Diplôme National du Brevet et au BTS pour la session précédente. Bien entendu, nous avons regardé avec attention nos résultats 2014 et n’avons pas manqué de féliciter, comme il se devait, les lauréats et leurs professeurs. Cette année, nous avions 151 candidats au Baccalauréat et tous ont été reçus, soit le fameux « 100% » dans les séries L, ES, S et STMG. Pour ces résultats, cinq chiffres complémentaires méritent d’être cités : 100 % de mentions en TES1, 43 % de mentions TB en TS3, 85,7 % de mentions en TL, 72,2 % de mentions en TSTMG et 100 % des élèves internes sont reçus. Pour le Certificat de Formation Générale – 7 candidats – là encore, 100 % de reçus. Quant au Diplôme National du Brevet, sur les 87 candidats, 86 ont décroché leur diplôme, soit 98,85 %. Enfin, pour le BTS Professions Immobilières, nos 27 candidats l’ont obtenu, soit à nouveau 100 %. Cette excellence démontrée est, pour notre Communauté Éducative, source d’une grande satisfaction.

 

Or, depuis quelques années, le Ministère publie des indicateurs, qui, normalement, ne peuvent officiellement donner lieu à un classement. Pourtant, malgré cette mise en garde, plusieurs journaux publient leur classement des lycées français. « Leur » ? car malgré des indicateurs identiques, les palmarès des différents journaux sont rarement les mêmes.

 

A travers ces quelques lignes, nous voudrions vous donner notre position en la matière. En juillet 2010, Paris-Normandie établissait un palmarès des établissements rouennais, avec en note : « Le directeur de l’institution Jean-Paul II, joint à plusieurs reprises, n’a pas souhaité nous communiquer ses résultats ». Ce qui est absolument exact. Et voici pourquoi.

 

Et, en tout premier lieu, soyons clairs : en progression constante, nos résultats aux examens sont plus qu’honorables. L’an passé, nous comptions 93 % de reçus au Baccalauréat ; au DNB, 95 % ; au total 62 % avec mention pour 145 candidats. Cette année, nous avons déjà mentionné, ci-dessus, les excellents résultats de cette session 2014, avec 74% de mentions au Bac et 64% de mentions au DNB.

 

Mais que veulent dire ces chiffres, sinon qu’à l’instant T de l’examen, que sur des sujets X, les élèves ont réussi à obtenir plus de la « moyenne » ? C’est la définition de tout examen, nous direz-vous. Certes. Mais, sont-ils pour autant « armés » pour la vie, tout du moins pour affronter l’enseignement supérieur ? De notre point de vue, il serait plus intéressant de regarder, au-delà de ces chiffres, le pourcentage de réussite ou d’échec sur les deux premières années d’études supérieures. Bien entendu, il est impossible aux gazettes de rendre compte de tous les paramètres à intégrer pour que ces « indicateurs » chiffrés soient accompagnés d’une analyse significative. C’est pourquoi nous avions adopté cette position en 2010 : des chiffres, oui, bien sûr, mais si et seulement si ces mêmes chiffres sont accompagnés des commentaires ad hoc qui leur donnent du sens.

 

Prenons un exemple concret. Il y a deux ans, nous présentions 10 candidats en Terminale Littéraire. 9 ont été reçus, ce qui fait objectivement 90%. Qu’est-ce que ce chiffre représente exactement ? Un autre exemple : en 2011, 97% des candidats en Terminale STMG ont été reçus ; en 2012, 100%. Sur quelle année la vérité s’établit-elle, puisque, l’équipe pédagogique était rigoureusement la même sur ces deux années ?

 

Certes, la Division de l’Enseignement Privé (D.E.P.) publie chaque année, en même temps que ces chiffres, des caractéristiques scolaires et sociales des élèves de chaque établissement. Mais cette méthode de calcul est largement imparfaite, puisqu’elle ne tient pas compte des modalités de recrutement en Seconde – dans le Public comme dans le Privé – avec lesquelles il est tentant de n’accueillir que les élèves les plus performants pour les mener jusqu’au Baccalauréat. Il suffit de se fixer quelques seuils chiffrés – qui, bien entendu, ne seront pas les mêmes en fonction de l’établissement d’origine. D’autre part, et certains proviseurs ne se sont pas privés de le rappeler, les modalités de calcul provoquent des effets de structure, aux effets pervers.

 

Enfin, certains critères ne sont pas pris en compte. Pour n’en citer que deux, absolument majeurs à nos yeux : le bien-être des jeunes dans leur établissement ; le lien entre les équipes enseignantes, la vie scolaire, la direction avec les familles et avec les jeunes eux-mêmes.

 

Les palmarès classifiants ont un tort majeur : ils assimilent taux de réussite au Baccalauréat et performance réelle des établissements, dans une sorte d’utopie égalitariste. Ils mettent en concurrence des établissements qui n’ont pas le même projet et la même approche de l’accompagnement de la personne humaine dans toutes ses dimensions. Au final, ils nient qu’un bon établissement est d’abord celui qui convient à un enfant.

 

Et, pour terminer, que fait-on de la marge de progression possible de l’élève, tant du point de vue de son travail personnel et de sa motivation, que de celui de l’accompagnement des professeurs ? Ces classements, s’ils sont lus avec une superficialité détestable, sont alors un leurre, qui nuit à tous : aux élèves en tout premier lieu et jusqu’au dynamisme des équipes enseignantes.

 

Notre établissement est un établissement d’excellence. Une excellence qui s’appuie, d’abord et avant tout, sur les personnes. La fin ne justifie pas les moyens, en quelque sorte. Ne nous laissons pas influencer par des « indicateurs » qui peuvent être intéressants pour le pilotage interne d’un établissement, mais qui peuvent aussi, par une utilisation abusive et tronquée, servir des effets de mode et des analyses aussi superficielles qu’inutiles.

 

Bravo à nos élèves pour leurs résultats exceptionnels, oui, mais sans oublier les profondes qualités humaines, intellectuelles et, nous l’espérons, spirituelles, qu’ils ont su développer au quotidien et qui sont gages d’une entrée intéressante et féconde dans l’âge adulte. Vive l’excellence !

 

Sœur Chantal GREFFINE, Directrice de l’École

Jean-Dominique EUDE, Directeur de l’Institution