Les mimosas, au contraire…
On n’apprend pas à marcher : un beau jour, on s’y met. On s’appuie sur des meubles, on a des bras pour faire escale, on croche des doigts pour avancer… Puis enfin on se jette à l’eau, dans un mouvement d’abord un peu vague qui, doucement, s’équilibre : on est prêt pour la grande traversée…
On se met à écrire de la même façon, sans apprendre, en osant, simplement, et en multipliant les tentatives. D’aventure en aventure, on découvre le plaisir, on affirme un style propre et dans son bain d’idées, avec ses fonds de souvenirs et son imagination bouillonnante, on plonge chercher des mots pour les échouer sur ses pages.
Encore faut-il provoquer l’audace. J’ai donc invité Christophe Renault, auteur de six romans jeunesse, à motiver les propositions. Les bras se lèvent : les idées fusent. Chacune est une nouvelle fleur à verser dans le bouquet de prose. Un livre a été écrit, magnifiquement illustré par Nathalie Lafon-Billard et édité par l’ami Olivier Petit. En voici les premières lignes :
« On nous appelle les CP. Les Cueilleurs de Pensées. Notre mission est toute simple : on doit entrer dans les cerveaux et distinguer les jolies fleurs des mauvaises herbes.
Sachez-le : un cerveau, c’est comme un jardin. Ca s’entretient. Il faut déraciner les chardons et arroser les mimosas.
Les chardons, c’est tout ce qui pique – les envies les plus méchantes qui germent dans la tête des hommes : arracher les oreilles du chien… Piquer sa fourchette dans le derrière de sa petite sœur… Déclencher des avalanches…
Les mimosas, au contraire, c’est tout ce qui caresse – les désirs les plus doux qui bourgeonnent dans les rêves humains : offrir une rose à sa maîtresse… Aider Papy à traverser la rue… Mouiller d’eau le front des dromadaires… »
Marie RENAULT, Professeure des CP