Josef Schovanec sur YouTube
La conférence « Nos intelligences multiples – Le bonheur d’être différent » par Josef SCHOVANEC, le 1er décembre 2018, à ROUEN, est sur YouTube…
Voici les liens :
Première partie, la conférence, ICI
Seconde partie, les questions posées, ICI
Et sur Facebook, ICI
*
On ne présente plus Josef Schovanec. Bon, d’accord, une dernière fois… Philosophe, écrivain, conférencier… Ce voyageur invétéré a été diagnostiqué autiste Asperger à l’âge de 22 ans. Depuis, il se bat pour les droits de ceux qu’on appelle les « atypiques » et tente de montrer que la différence est une question de point de vue. Le 30 décembre 2018, l’émission « Sept à Huit », sur TF1, lui consacre le portrait de la semaine (replay en lien ci-dessous). Il convie les journalistes et les téléspectateurs à visiter l’Autistan, « ce chouette pays des gens bizarres ». Franchise et humour garantis !
Une scolarité pénible
Avant de commencer l’interview, il tient à se mettre à l’aise et retire ses chaussures. Non coutumier des codes sociaux, Josef Schovanec adopte parfois un comportement qui sort de l’ordinaire. « J’ai su lire et écrire avant de savoir parler, comme beaucoup d’enfants autistes au demeurant. J’ai appris le français avec Jules Verne quand j’étais tout petit, donc ma façon de parler s’inspire du langage de cet auteur », explique-t-il. Une différence qui, aujourd’hui, fait sa force mais lui a causé du tort par le passé. Difficile de se faire des amis lorsqu’on s’exprime à la manière des héros de Vingt mille lieues sous les mers… Au traditionnel « salut », le jeune enfant préfère « bonjour monsieur ». Un vocabulaire soutenu qui détonne avec celui employé au CP. Il explique avoir subi de multiples violences physiques et psychologiques durant sa scolarité. « Tous les jours, j’étais tabassé… Personne n’aurait accepté d’être assis à côté d’un monstre pareil. » Le lycée est une période de transition : les agressions se font plus rares et, des récits imaginaires de Jules Verne, il passe aux calculs concrets de Newton. Il envisage un temps de devenir mathématicien mais revient finalement à ses premières amours : la littérature et les langues.
Un cirque social
Bardé de diplômes et « hyperpolyglotte » – il parle plus de six langues dont l’hébreu, le sanskrit, le chinois, l’arabe, l’araméen, l’allemand et le persan -, il révèle pourtant les difficultés auxquelles il a été confronté pour trouver un emploi. « Lors des entretiens d’embauche, nous sommes évalués sur des critères absolument futiles et non-autistiques, par exemple la façon de serrer la main, de s’asseoir… », déplore Josef avant de remettre en question les pratiques des entreprises. « Pourquoi serait-il nécessaire d’endurer un cirque social pour faire un travail correct ? Pourquoi faudrait-il fréquenter la machine à café avec tout le monde et aller à des soirées entre collègues ? Il suffit que la direction de l’entreprise le comprenne, c’est pourtant relativement simple ». Celui qui a fourni tant d’efforts pour s’intégrer au monde des « non-autistes » sollicite, à son tour, un brin de compréhension et de tolérance.
Question d’adaptation
Phobique du téléphone, il communique essentiellement par e-mail avec ses « amis autistes ». « On ne s’ennuie jamais ! », assure-t-il. Comme bon nombre de ses pairs, il éprouve des dégoûts alimentaires. Son pire ennemi : le macaron ! « C’est une arnaque, ces gourmandises sont fondamentalement malhonnêtes. Le biscuit a la couleur jaune et veut se faire passer pour un citron mais n’en a pas le goût. » Son macaron idéal est « synchronisé entre le biscuit et le cœur et ne cache pas son goût réel. » Une métaphore dont les « non-autistes » devraient peut-être s’inspirer… « Je passe parfois pour le masochiste de service aux yeux de mes amis autistes qui me reprochent d’aller trop loin dans la singerie sociale mais je pense que quelqu’un doit faire ce petit jeu pour que l’autisme soit mieux connu, mieux accepté », conclut-il, avant d’être félicité par la journaliste pour l’avoir regardée dans les yeux tout au long de l’interview. Une prouesse pour une personne avec autisme qui révèle, une fois de plus, l’adaptabilité dont Josef doit faire preuve au quotidien.
Cassandre ROGERET