Qui suis-je ?
Je n’ai que deux bras et pourtant je peux porter trente-six mille sacs.
Je fais plus de 10 000 pas chaque jour : je monte, je descends, je descends, je monte et sans cesse je trottine.
Je ne détiens pas les clés du royaume et pourtant mon trousseau de clés chante au rythme de mes pas.
Vous allez en maternelle, je suis là. A la cantine, je suis encore là. La garderie je suis toujours là.
Toi, élève qui es entré à l’Institution dès la maternelle, tu es passé « entre mes mains ».
Je rassure, je câline et je sais aussi gronder les enfants.
Dire l’amour de Dieu est une nécessité pour moi.
J’ai préparé bien des enfants au Baptême, à la première Communion.
Je prenais mon bâton de pèlerin, pour annoncer à tous la Bonne Nouvelle.
Vous aviez besoin d’un service j’étais et je pouvais même anticiper vos demandes.
Bien des fois je suis tombée (au sens propre) et je me suis relevée.
Je me souviens d’une bienheureuse chute avant l’Eucharistie : les enfants ont été si étonnés ce qui eut pour effet de faire cesser tout bavardage.
Cependant, même pour l’amour du Bon Dieu, je me suis gardée de renouveler un tel exploit pour avoir de calme pendant la messe.
La chute du 22 août a eu raison de moi puisqu’elle me brisa le col du fémur obligeant la pose d’une prothèse.
Après plusieurs mois d’hospitalisation, je regagne définitivement la maison mère à Saint Aubin-lès-Elbeuf.
Je dois vous avouer que la fatigue devenait de plus en plus mon amie alors que je ne lui avais rien demandé.
Je vous dis « au revoir »et non « adieu » car j’espère bien vous revoir à la fête de l’école car je serai présente pour animer la pêche à la ligne.
Vous m’avez reconnue ?
Oui, merci sœur François d’Assise pour ces années données d’abord à l’école Beauvoisine puis à l’Institution Jean-Paul II.
Votre silhouette était connue de tous et vous saviez faire preuve de ténacité pour faire aboutir un projet.
Vous nous manquerez.
« Quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller.» Saint Jean 21, 15-19
Puissiez-vous vivre cette nouvelle tranche de vie dans la confiance.
Nous vous attendons pour la pêche à la ligne.
Sœur Chantal GREFFINE, Directrice de l’École