Hommage à Mme Michèle Montalibet
Née le 25 janvier 1936 à Casablanca, Michèle Montalibet passe toute son enfance au Maroc. Elle y obtient le Brevet Élémentaire, en juin 1953. Dès la rentrée de 1953 (à 17 ans, donc !), elle est institutrice en classe de Onzième, à l’Institution de la Sainte-Famille, à Port-Lyautey. Deux ans plus tard, elle prend en charge une classe de Dixième, à l’École Don Bosco, toujours à Port-Lyautey.
C’est en 1957 qu’elle arrive à Rouen et qu’elle devient institutrice à Join-Lambert ; elle rejoint donc la fameuse équipe des « miss » de l’Institution. D’abord, institutrice en classe de Dixième, elle sera ensuite fidèle à la classe de Neuvième (notre actuel CE2). Le 3 décembre 1965, elle décroche son Certificat d’Aptitude Professionnelle, puis est « Maître qualifié » en février 1968.
Très engagée dans le domaine pastoral, Michèle Montalibet s’est toujours investie dans le catéchisme et la préparation aux Sacrements. Au Maroc, elle faisait partie du mouvement des Cœurs Vaillants (« À Cœurs Vaillants, rien d’impossible ! »), puis du MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes) en arrivant sur Rouen.
Guillaume de Ménibus, actuel Président des Anciens Élèves de Join-Lambert se souvient : « Madame Montalibet est arrivée à Join-Lambert à la rentrée 1957 comme moi ; j’étais donc un de ses premiers élèves en 10ème bleue. Et j’ai eu la chance de monter en 9ème Bleue toujours avec elle. La chance, parce que c’était sympa d’être avec une toute jeune institutrice… alors que toutes ses autres collègues du Primaire avaient certainement au moins le double d’années d’elle. Je me souviens de coloriage, de pitreries de ma part, et pourtant quand je suis arrivé en 8ème verte dans la très sérieuse classe de Madame Matuchet, j’étais au niveau. Sans m’en rendre compte, par une pédagogie ludique et plaisante, Madame Montalibet m’avait fait grandir dans le savoir et le savoir-être. »
Michèle Montalibet prend sa retraite en 1997. Yannick Gainche, Directeur, prononce ces mots le 23 juin : « Nous regrettons et comprenons l’absence ce soir de Madame Montalibet. Institutrice depuis plus de quarante ans dans la maison, elle se trouve contrainte de prendre sa retraite plus tôt qu’elle ne l’aurait souhaité. Son émotion est grande, ce soir, au point de ne pas pouvoir nous rejoindre. Mais nous saurons marquer son départ comme il convient dans quelques semaines. » (Yannick Gainche, Annuaire 1997-1998, p. 82)
Ses obsèques, célébrées par le père Bertrand Laurent, auront lieu ce lundi 7 décembre, à 10h, en l’église Saint-Hilaire. « Nous penserons à prier pour elle lors d’une prochaine messe à Jean-Paul II. Que Dieu lui accorde la béatitude préparée pour ceux qui ont beaucoup servi et beaucoup souffert. » (Père Robert de Prémare)
À ses deux enfants, Pierre-Marie et Anne-Sophie, l’Institution adresse des condoléances émues et pleines de reconnaissance.
*
Un témoignage nous est parvenu de M. Pierre Aubé ; le voici :
« C’était il y plus d’un demi-siècle, et il m’en souvient comme si c’était hier…
De retour de mon épopée africaine, je passais souvent mes soirées au « pavillon des miss ». C’était le cœur de l’institution née en ces lieux avec le siècle, impitoyablement rasé pour faire place à l’immeuble du post-bac. J’y étais assidu non pas pour m’insurger contre une misogynie latente – mais on ne doit pas oublier, quand même, que, deux ans plus tôt, « ces messieurs » se restauraient encore soigneusement isolés de la gente féminine… -, mais parce que je trouvais là ce qui s’apparentait le plus à la vraie vie. Michèle Montalibet y tenait sa place, au milieu de quelques autres. Elle irradiait un bonheur discret, qui séduisait d’emblée. J’ai passé là des soirées merveilleuses. Il me fallait quand même, de temps à autre, sévir. Michèle ne concevait sa vie qu’entièrement dédiée à ses très jeunes élèves, au point de négliger ce qui doit constituer, aussi, la vie tout court. Elle ne s’y arrachait qu’avec peine, et je puis compter sur les doigts d’une seule main les soirs où, sur un laps de quelques années, je parvins – et encore secouru par un ami proche – à l’emmener au cinéma. J’imagine ce que pouvaient être ses temps de vacances…
Une fois encore, un moment de vraie tristesse. »