Des vainqueurs portés aux nues
On lit souvent que la rhétorique serait née des grands procès en Sicile, lorsque l’on s’affrontait pour regagner la terre spoliée par les tyrans devant un tribunal parfois hostile. Trois lundis de suite, les internes se sont retrouvés pour être juges des performances oratoires de leurs condisciples, l’intensité des échanges ne fut pas moindre.
Des thèmes aussi clivants que pain au chocolat versus chocolatine ou la ville versus la campagne permirent à certaines équipes de se démarquer tant par la pertinence de leurs arguments que par la clarté de leurs expressions. La capitainerie Saint-Malo, sous l’égide de Nicolas Brière, ne s’est pas laissé surprendre. Profitant d’un bon travail de préparation, ils défendirent avec maestria la cause pourtant difficile des jeux vidéo. C’est donc presque sans surprise que nous les retrouvâmes en finale pour affronter les Saint- Lazare de Gabin Friou dans un duel devenu alors fratricide.
Pourtant, l’écoute et la bienveillance ne quittèrent jamais les internes durant ces joutes. Le public accueillit donc chaleureusement les finalistes qui surent se témoigner d’un certain respect malgré l’intensité des échanges. Entendons : ils se retinrent de s’interrompre, ce qui n’est pas mince dans ces conditions.
À cent lieues d’une vaine logomachie, deux stratégies de fond s’opposèrent ce soir-là. Nicolas, gros d’un travail préparatoire intense, aligna avec son équipe des faits implacables pour défendre que l’argent contribue au bonheur. Antoine Bozo, pratiquement capitaine putatif lors de cette phase, mania le verbe avec précision, alignant les statistiques, rebondissant sur les propositions adverses. Mais l’adversaire ne fut ni sonné ni abasourdi. Tels ces vieux lutteurs qui savent que les victoires difficiles se gagnent dans la durée, ils puisèrent dans leurs réserves une spontanéité argumentative qui fit mouche. Le coup de grâce, double, fut infligé par deux quatrièmes : Sixte Bouffard et Lucas Singier. Le premier rendit muets ces adversaires devant la justesse de son propos; le second, tel un Stentor moderne, fit taire toute la salle par sa voix et son éloquence. La victoire était pour la capitainerie Saint-Lazare. Et la salle en liesse porta ses vainqueurs aux nues.
Certes, non cuivis homini contingit adire Corinthum, mais tous les internes peuvent être fiers d’avoir montré d’aussi belles choses lors de ces soirées et particulièrement Gabin Friou T STMG, Henry Giraud T STMG, Adrien D’Andlau 1ère STMG, Octave Fichet 3ème 4, Sixte Bouffard 4ème 5 et Lucas Singier, 4ème 5 victorieux tous ensemble.
Un grand bravo à eux pour cette victoire !
Julien DEHUT