Tout l’esprit de l’Internat était là
Monsieur le Directeur,
Une fois n’est pas coutume, je voudrais vous exprimer la très grande fierté qui a été la mienne ce mardi.
Ce pouvait être un de ces moments vides, durant lesquels rien ne s’exprime particulièrement, où tout semble éteint, un de ces moments de fin d’année privés d’enjeux. Mais ce fut tout le contraire. Vers 19h30 nos internes se sont retrouvés pour jouer au football, comme à leur habitude. L’engouement cette année n’a pas faibli. Quelles que soient les conditions météorologiques, il n’est pas rare de croiser sur la cour idoine quelques internes se faisant des passes, y compris sous les pluies les plus drues.
De manière tout à fait ordinaire donc, avec cependant le beau temps retrouvé, les élèves se sont regroupés spontanément pour jouer. Mais quels élèves ! Il y avait ce soir tous les niveaux sur le terrain, des quatrièmes aux terminales. Les terminales jouaient tous ensemble, faisant corps, alors que les collégiens, encadrés notamment par Axel Lejouan et d’autres premières, composaient un groupe plus hétérogène. Mais ils sont loin d’avoir démérité. Tout l’esprit de l’internat était là. Il n’y avait pas d’animosité, mais une profonde entraide ; un respect mutuel, une émulation qui appelait les plus jeunes à donner le meilleur d’eux-mêmes. C’est notamment le cas de Sixte Bouffard, un de nos quatrièmes, brillant en attaque, auteur d’une passe décisive et probablement l’homme du match ce soir (à mes yeux de béotien du moins). L’œil bienveillant d’Antoine Bozo veillait à ce que rien ne vienne perturber cette concorde si particulière qui émane de ces moments d’intensité sportive où les équipes doivent rivaliser d’adresse. L’humour chaleureux de Jean-Baptiste Noblet sut mettre les plus jeunes en confiance, et notamment ceux qui n’avaient pas l’habitude de participer à ce moment quotidien ici d’une profonde oblativité.
Certains parmi les terminales étaient capitaines cette année. Certains, parmi les premières sur le terrain, le seront l’année prochaine. Nous évoquions le fameux delenda Carthago de Caton. Les Romains ont recouvert de sel l’emplacement de Carthage et mis en esclavage femmes et enfants. L’échelle de la détermination est là. Je pensais en réponse à Pline et à segetem ne defrudes qu’on traduit souvent par semer sans compter, mais dont la traduction littérale dit plutôt ne pas frustrer la moisson. Pline y voit la trace d’un ancien oracle devenu une maxime qui invite alors l’optimisme. C’était un très beau moment d’internat, tant dans sa simplicité que par son évidence, et il doit beaucoup à tous ceux qui ont semé.
En vous souhaitant une très bonne journée,
Veuillez agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Julien DEHUT, Maître d’Internat