Éminent serviteur de l’Église et du Seigneur
Aujourd’hui, 5 janvier, à 9h30, le Pape François présidera la Messe des funérailles de Benoît XVI, place Saint-Pierre. Un peu plus tôt, au cours de la Sainte Messe célébrée à la Chapelle de l’Institution, nous serons en communion avec Rome et rendrons grâce pour tout le bien qu’il a fait.
Comme le disait M. Eude, lors de la journée pédagogique de mardi dernier : « Benoît XVI a été le pape des oxymores (et non des paradoxes, comme le titrait un certain journal…) : il a allié humilité et autorité, tradition et modernité, c’était à la fois un grand timide et un grand orateur, passionné du dialogue entre foi et raison, grand ami de Saint Jean-Paul II, et lorsqu’on lui demandait : « Combien y a-t-il de chemins pour aller vers Dieu ? », il répondait en pasteur inspiré et en pédagogue averti : « Autant qu’il y a de personnes »… »
Enfin, nous n’oublions pas la bénédiction apostolique, chaleureuse et d’une exigence bienveillante, reçue de Benoît XVI, pour la fondation de l’Institution Jean-Paul II et son inauguration officielle du 8 décembre 2009.
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Le Bureau de presse du Saint-Siège a publié dans la soirée du 31 décembre 2022 ce texte rédigé par l’ancien pape décédé dans la matinée, le 29 août 2006.
« Si, à cette heure tardive de ma vie, je jette un regard en arrière sur les décennies que j’ai traversées, je vois tout d’abord combien j’ai de raisons de remercier. Je remercie avant tout Dieu lui-même, le dispensateur de tous les bons dons, qui m’a donné la vie et m’a guidé à travers de nombreuses tribulations, qui m’a toujours relevé lorsque je commençais à glisser, qui m’a toujours offert la lumière de son visage. En regardant en arrière, je vois et je comprends que même les parties sombres et pénibles de ce chemin ont été pour mon Salut et que c’est justement là qu’Il m’a bien guidé.
Je remercie mes parents qui m’ont donné la vie à une époque difficile et qui, au prix de grands renoncements, m’ont préparé par leur amour un merveilleux foyer qui comme une lumière claire illuminent tous mes jours jusqu’à aujourd’hui. La foi clairvoyante de mon père nous a appris à croire, à nous frères et sœurs, et elle a tenu bon comme guide au milieu de toutes mes connaissances scientifiques ; la piété chaleureuse et la grande bonté de ma mère restent un héritage pour lequel je ne pourrai jamais assez rendre grâce. Ma sœur m’a servi de manière désintéressée et pleine de sollicitude pendant des décennies ; mon frère m’a toujours ouvert la voie par la clairvoyance de ses jugements, avec sa puissante détermination et avec la sérénité de son cœur ; sans cette présence continue qui me précède et m’accompagne, je n’aurais pas pu trouver le bon chemin.
Je remercie Dieu du fond du cœur pour les nombreux amis, hommes et femmes, qu’Il a toujours mis à mes côtés ; pour les collaborateurs à toutes les étapes de mon chemin ; pour les enseignants et les élèves qu’il m’a donnés. Je les confie tous avec reconnaissance à sa bonté. Et je voudrais remercier le Seigneur pour ma belle patrie des Préalpes bavaroises, dans laquelle j’ai toujours pu voir transparaître la splendeur du Créateur Lui-même. Je remercie les habitants de ma patrie de m’avoir toujours permis de faire l’expérience de la beauté de la foi. Je prie pour cela, pour que notre pays reste une terre de foi et vous prie : chers compatriotes, ne vous laissez pas détourner de la foi. Enfin, je remercie Dieu pour toutes les belles choses que j’ai pu expérimenter aux différentes étapes de mon parcours, mais surtout à Rome et en Italie, qui est devenue ma deuxième patrie.
À tous ceux à qui j’ai fait du tort d’une manière ou d’une autre, je demande pardon du fond du cœur.
Ce que j’ai dit tout à l’heure de mes compatriotes, je le dis maintenant à tous ceux qui ont été confiés à mon ministère dans l’Église : Tenez bon dans la foi ! Ne vous laissez pas troubler ! Il semble souvent que la science – d’une part les sciences naturelles, d’autre part la recherche historique (en particulier l’exégèse des Saintes Écritures) – ait des vues irréfutables qui s’opposent à la foi catholique. J’ai assisté de loin aux transformations des sciences naturelles et j’ai pu voir comment des certitudes apparentes fondées contre la foi, ne se révélaient pas être des sciences, mais des interprétations philosophiques appartenant seulement en apparence à la science – tout comme la foi a appris, dans le dialogue avec les sciences naturelles, la limite de la portée de ses affirmations et ainsi à mieux comprendre ce qu’elle est.
Depuis soixante ans, j’accompagne le chemin de la théologie, en particulier celui des études bibliques, et j’ai vu s’effondrer, au fil des générations, des thèses qui semblaient inébranlables et qui se sont révélées n’être que de simples hypothèses : la génération libérale (Harnack, Jülicher, etc.), la génération existentialiste (Bultmann, etc.), la génération marxiste. J’ai vu et je vois comment, dans l’enchevêtrement des hypothèses, la raison de la foi a émergé et émerge à nouveau. Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie – et l’Église, dans toutes ses imperfections, est vraiment Son corps.
Enfin, je demande humblement : priez pour moi, afin que le Seigneur me laisse entrer dans les demeures éternelles malgré tous mes péchés et mes insuffisances. À tous ceux qui me sont confiés, j’adresse jour après jour ma prière qui vient du cœur. »
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Communiqué de la Présidence de la Conférence des évêques de France en réaction au décès du pape émérite Benoît XVI.
Nous venons d’apprendre avec une grande tristesse le décès du pape émérite Benoît XVI. Au nom de la Conférence des évêques de France, nous appelons les catholiques à prier pour lui le Dieu vivant, « qui n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20, 38), en le confiant à sa miséricorde et à la puissance de Résurrection du Christ. Des messes et des célébrations seront organisées dans les diocèses et les paroisses pour rendre grâce pour ce qu’il a apporté à l’Église et au monde, et pour intercéder pour lui comme il le souhaitait.
Joseph Ratzinger a été un grand théologien. Sa participation au Concile l’avait mis face aux grands défis de l’Église dans le monde de la fin du XXème siècle. Il en a été un grand interprète, lucide et courageux, exigeant quant à la vérité, fidèle à la Tradition mais libre de toute nostalgie. Archevêque de Munich, puis préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il a servi le saint pape Jean-Paul II en admirant le pasteur et le saint, cherchant avec sa vive acuité théologique à expliciter les fondements de l’action du Pape. Le rencontrer était toujours vivre un moment de lumière, de clarté, d’espérance aussi. Les évêques en ont fait l’expérience à chaque visite ad limina. Ils en gardent de grands souvenirs.
Devenu Pape à son tour, il a voulu servir l’unité de l’Église en la fondant sur la vérité la plus précise, tant dans les relations œcuméniques que dans son approche des groupes dits traditionalistes dans l’Église catholique. Il a voulu continuer l’œuvre de ses prédécesseurs en œuvrant pour la rencontre des religions et la paix dans le monde. Il a cherché à affermir ses frères et ses sœurs dans la foi par ses encycliques sur l’espérance et la charité et sur le développement humain intégral dans la justice et la charité. Dans un monde sécularisé, dans un climat culturel marqué par le relativisme, il a incarné la recherche exigeante mais aussi joyeuse de la foi qui aspire à adhérer à Dieu par le lien vivant que celui-ci propose aux humains. Il a affronté avec courage le fait des agressions sexuelles commises par des prêtres ou des religieux et n’a voulu préserver personne de la vérité qu’il y avait à faire en ce domaine. Sa lettre aux catholiques d’Irlande (ICI), en mars 2010, a ouvert une ère nouvelle, en deçà de laquelle il ne sera plus possible de retomber.
Les Français se souviennent avec émotion du magnifique voyage de Benoît XVI en France en 2008, à Paris et à Lourdes, à l’occasion du 150ème anniversaire des apparitions de la Vierge à Lourdes. Au cours de la messe sur l’esplanade des Invalides (ICI), juste quelques semaines avant qu’éclate la crise financière de 2008, il avait appelé à « fuir les idoles » et rappelé, après saint Paul, « que la cupidité insatiable est une idolâtrie (Cf. 3,5) et que « l’amour de l’argent est la racine de tous les maux », tandis que dans son discours au monde de la culture au collège des Bernardins (ICI) il avait montré, à l’école de l’expérience monastique, que « la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable », comme une quête de la vérité dont ne peut se dispenser sans grave dommage l’humanité contemporaine.
Benoît XVI restera aussi dans l’histoire en raison de sa démission qui prit tout le monde par surprise. Elle était dans la ligne de sa profonde humilité et de son sens exigeant du service de l’Église. Il était épuisé et paraissait près de mourir. Il a finalement accompagné de longues années son successeur, assurant un ministère de recueillement et d’intercession, interrompu par peu d’interventions, toutes visant à éclairer l’intention profonde du pape François contre de mauvaises interprétations.
En confiant à Dieu le pape émérite Benoît XVI, les catholiques rendent grâce à Dieu pour ce qu’il a donné à l’Église, visiblement et invisiblement. En leur nom, nous remercions celles et ceux qui ont voulu ou voudront lui rendre hommage. Nous invitons également tous ceux qui le voudront bien à prier avec instance pour le pape François. Qu’il poursuive sa mission avec courage et persévérance, dans la force du Christ et de l’Esprit-Saint, pour que soit loué le Nom de Dieu.
+ Mgr Dominique BLANCHET, évêque de Créteil
+ Mgr Éric de MOULINS-BEAUFORT, archevêque de Reims
+ Mgr Vincent JORDY, archevêque de Tours
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Message de l’Archevêque de Rouen à la suite du décès du Pape émérite Benoît XVI
Nous venons d’apprendre le décès du Pape émérite BENOÎT XVI. Nous confions à la miséricorde de Dieu celui qui déclarait au jour de son élection le 19 avril 2005 : « Chers frères et soeurs, après le grand pape JEAN PAUL II, les cardinaux m’ont élu, simple et humble travailleur de la vigne du Seigneur ».
J’ai demandé à ce que le glas de la cathédrale sonne immédiatement.
Nous gardons une mémoire vive de l’humilité de cet éminent serviteur de l’Église et du Seigneur. Auprès de saint JEAN PAUL II puis comme évêque de Rome, il a fait rayonner la vérité de l’Évangile, la confrontant sans cesse et sans peur aux idées du monde.
Personnellement, je suis reconnaissant au Pape BENOÎT XVI de m’avoir appelé à devenir évêque de Saint-Étienne en 2006. Sa confiance souriante et ses encouragements lors de visites à Rome me sont encore précieux. La sagesse qui l’a conduit à devenir le premier « Pape émérite » est un exemple pour les serviteurs de l’Évangile et ceux qui exercent de grandes responsabilités.
Je célèbrerai la messe pour le Pape BENOÎT XVI le mardi 3 janvier 2023 à 19h à la cathédrale Notre-Dame de Rouen, et j’invite les chrétiens à prier pour lui et pour l’Église.
Rouen, le 31 décembre 2022.
+ Mgr Dominique LEBRUN, archevêque de Rouen
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Photos de la Messe des funérailles :