Et factus est homo in animam viventem. Et l’homme fut fait âme vivante…

« En l’an de grâce 1517, le 10 juillet, dans la ville d’Alcalà-de-Hénarès en Espagne, le jeune fils de l’imprimeur de la cité, Jean de Brocario, revêtu d’habits de fête, apporta solennellement au grand cardinal Ximénès la dernière feuille de la première Bible Polyglotte qui ait été imprimée. »

Cette Bible Polyglotte d’Alcalá représentait une œuvre colossale à laquelle toute une pléiade de savants travaillaient depuis 1502. L’hispaniste français Marcel Bataillon le résume parfaitement ainsi : « La Bible Polyglotte, gloire d’Alcalà dans les annales de l’humanisme, est une des œuvres les plus imposantes qu’ait réalisée alors la science des philologues servie par l’art des imprimeurs. »

Somme de toute une tradition, éditée à environ 600 exemplaires, cette bible influença considérablement les éditions ultérieures. Parmi celles-ci, la Sainte Bible Polyglotte « Glaire et Vigouroux » en 8 volumes, publiée en 1900, fait partie des ouvrages remarquables de la bibliothèque de notre Établissement. Elle contient le texte hébreu original, le texte grec des septante, le texte latin de la Vulgate et la traduction française de l’abbé Glaire.

La publication d’une Bible Polyglotte relève de la performance typographique. Elle permet de confronter les différentes versions orientales du texte biblique. l’Abbé Jean-Baptiste Glaire, dit dans son introduction avoir pris le parti d’ « une rigoureuse littéralité » afin « de ne point mêler ou substituer la pensée de l’homme à la pensée de Dieu.”

« Posséder les langues dans lesquelles les hagiographes ont primitivement écrit les livres canoniques » est une « nécessité pour les professeurs d’Écriture Sainte et une convenance pour les théologiens », écrivait Monseigneur Mignot rapportant dans sa préface les paroles du pape Léon XIII.

La Parole divine, Parole de vie donnée, et exprimée dans les multiples nuances de chaque langue, est ainsi une source inépuisable pour l’Homme qui fut fait âme vivante…

Geneviève GOUJON