Fin septembre, Tristan, interne de Terminale, veut absolument me voir. Il rêve de la prestigieuse école Ferrandi l’an prochain et, par conséquent, souhaite s’essayer aux fourneaux de JP2 pour ses condisciples internes. Surprise. Hésitation sanitaire. Enthousiasme éducatif. Banco.

Dans les jours qui ont suivi : étude, avec le Chef titulaire, du menu et de son budget, de la faisabilité des plats et de leur enchaînement, du chrono possible et, surtout, d’un déroulé compatible avec nos installations…

Quelques semaines plus tard – c’était mercredi dernier, 22 novembre – au menu de l’internat : champignon de Paris garni d’un pesto crémeux à souhait ; escalope de veau accompagné de sa timbale de riz et d’une subtile sauce roquefort ; meringue nappée de crème fouettée et couronnée de framboises – groseilles. Le tout, arrosé d’un très frais Château Lafontaineduself 2023.

Un menu ? Non… Une « tuerie » comme disent les jeunes ; un délice en termes plus châtiés. Les pensionnaires et leurs maîtres d’internat se sont transformés, le temps d’une soirée ordinaire, en fins gourmets, aux papilles aussi ravies par la surprise que l’un des leurs se soit mis à leur service, que par les sensations gustatives et jubilatoires que cet incroyable menu leur réservait ! Tristan avait revêtu la veste ainsi que le tablier, et était bien entendu coiffé d’une toque blanche, comme tout Chef digne de ce nom.

En fin de service, les applaudissements nourris étaient à la hauteur de l’investissement : lever 5h45 pour les meringues (photo ci-dessous) et une bonne partie de l’après-midi passé en cuisine. On ignore si Tristan est un descendant du fin gastronome Lucullus – ce général romain qui, après la bataille contre Mithridate, a rapporté à Rome les cerises de Keras ; mais une chose est sûre : ce mercredi-là, Tristan a remporté une très belle bataille et – cerise sur le gâteau… – nous a émerveillés. Et c’est certain, comme le disait notre érudit local, « une étoile est née ».

Jean-Dominique EUDE, Directeur

NB. Faut-il préciser qui est l’ « érudit local », tant le doute n’est pas permis ? Il s’agit bien entendu de M. Julien Dehut, maître d’internat, lui aussi digne successeur de Lucullus…