02 Mai

Confiance – Alliance – Espérance

Mardi 16 avril dernier, nous avons eu la joie d’accueillir le père Jean-Marie Petitclerc, prêtre salésien. C’est avec une réelle émotion que le père Jean-Marie Petitclerc passa l’après-midi au sein de l’Institution car elle fut le lieu de sa scolarisation de la Onzième (selon son expression) jusqu’à son Baccalauréat ; et c’est dans la chapelle de l’Institution qu’il fit sa première Communion.

L’après-midi fut ponctué par trois interventions du père Jean-Marie Petitclerc. L’auditoire fut différent au cours de ces différentes conférences qui avaient le même fil rouge : les jeunes d’aujourd’hui. Permettez-moi de vous partager quelques convictions exprimées par le père Jean-Marie Petitclerc.

En tant que prêtre et éducateur, il nous a invités à « évangéliser en éduquant et éduquer en évangélisant ». À l’image de Jésus, l’éducateur est appelé à savoir écouter, se décentrer. À l’image du bon pasteur, l’éducateur doit mener le jeune à devenir un sujet. Croire, espérer, aimer : des mots qui doivent être le phare de l’éducateur. « J’espère en toi à la manière dont le Christ espère en toi. »

C’est lorsque l’autre nous a déçus que l’on devient alors vraiment capables de l’aimer ! Chaque jeune a besoin de se sentir unique et savoir que l’on compte sur lui. La jeunesse est une chance pour notre société, pour l’Église. Le père Petitclerc invite tout éducateur à manifester de l’affection, à bénir et à imposer les mains. C’est Jésus Lui-même qui a eu cette posture avec ceux qu’Il rencontrait. Ne jamais identifier un jeune à son acte. Espérer contre tout espérance.

Voilà des paroles fortes qui nous invitent à nous interroger quant à notre manière « d’être » avec ceux qui nous sont confiés.

Sœur Chantal GREFFINE, Directrice de l’École

« Dire Dieu aux jeunes d’aujourd’hui », belle et vaste question à laquelle Père Jean-Marie Petitclerc s’est proposé de répondre en cette soirée du mardi 16 avril. Belle question en effet et belle réponse, aussi complexe soit-elle… Que proposer à la jeunesse d’aujourd’hui, connectée et libérée ? Comment intégrer une Pastorale qui parle au cœur et à l’âme et qui accompagne le parcours de foi ?

Le père Petitclerc propose des étapes pratiques et ouvre des perspectives éducatives, empreintes de son expérience d’éducateur de terrain.

Tout d’abord, selon lui, il faut préférer une Pastorale du « aller vers » plutôt que d’attendre que les jeunes rejoignent de manière spontanée les églises qu’ils auraient désertées. Il ne s’agit plus de les attendre mais bien d’aller à leur rencontre. Pour cela, il faut aussi prendre conscience que le rapport aux institutions a changé et que l’adhésion repose désormais sur la crédibilité plutôt que sur le statut ; l’autorité ne s’impose plus naturellement, elle doit être reconnue comme cohérente. Celui qui représente une forme d’autorité doit faire correspondre les actes et les paroles, doit avoir conscience de la réalité pour incarner, naturellement, une crédibilité, une cohérence qui impose le respect. Donc, pour dire Dieu et espérer être écouté, il faut d’abord s’assurer d’être soi-même crédible aux yeux des personnes à qui l’on s’adresse.

Autre adaptation nécessaire : comprendre les modifications comportementales qui impactent directement la jeunesse : le rapport au temps, le manque d’empathie parfois. Et ces deux problèmes relèvent de l’accès aux outils numériques, aux réseaux sociaux, qui ont modifié les comportements. Un jeune du XXIe siècle vit dans l’instant quand nos aïeux vivaient dans la durée ; il est absorbé par les écrans et perçoit la violence quotidienne de manière déshumanisée. Les jeux vidéo notamment montrent une violence aseptisée où la souffrance a disparu ; les écrans ont effacé la frontière entre réel et virtuel ; les jeunes surfent sur les réseaux en oubliant l’altérité. L’Autre n’est plus que le pâle reflet d’une humanité numérisée qui a perdu toute sensibilité. De ce fait, face à ces avatars, comment, voire même pourquoi, développer l’empathie ? Seul le jeu compte, seul le plaisir immédiat m’anime, seule ma personne existe.

Enfin, un autre axe à prendre en compte est l’éducation à la fraternité. La fraternité en tant qu’« expérience et de la différence et de la similitude » ; une fraternité à bâtir qui préfère le respect à une tolérance excessive qui effacerait des repères essentiels. Une fraternité qui accueille l’autre, qui sécurise et responsabilise.

Pour conclure, dire Dieu aux jeunes d’aujourd’hui, c’est envisager la pédagogie selon plusieurs perspectives complémentaires : une pédagogie de la confiance, de l’alliance et de l’Espérance. Croire en notre jeunesse c’est finalement renouveler le message du Christ et entretenir une foi vivante, confiante en l’homme, aujourd’hui et demain.

Tel est, je crois, le message que Père Petitclerc a voulu transmettre avec énergie et bienveillance. Cette soirée a été instructive et chacun est rentré chez lui davantage conscient de la nécessité de vivre et de transmettre la Parole.

Karine FERRARO MASURE, Directrice adjointe en charge de JP2Sup