Sur les lieux du Débarquement
Rien de plus évocateur que de se rendre sur les lieux mêmes de l’action : on perçoit d’emblée le souffle de l’Histoire et on s’imprègne de l’atmosphère et de la configuration de l’endroit.
Ce lundi 3 juin, 55 élèves de Première et de Terminale ont eu le privilège d’arpenter des lieux de mémoire liés au Débarquement du 6 juin 1944. Notre périple a débuté à Pegasus Bridge, occasion d’évoquer les troupes aéroportées alliées, puis nous avons rejoint le site de la station radar allemande de Douvres-la-Délivrande, qui permet de rappeler l’aspect technologique de la guerre.
D’emblée, l’ambiance est au rendez-vous, en raison des commémorations du 80e anniversaire, sans doute parmi les plus grandioses qu’il n’y aura jamais. Nos élèves et leurs accompagnateurs arpentent les sites entourés de jeeps, camions et autres blindés, accompagnés de collectionneurs en uniformes…
Le passage à Juno Beach a été l’occasion d’aborder quatre éléments : la contribution canadienne au DDay, le rôle de matériels spécifiques tels que le camion amphibie (l’un d’eux évoluait sur la plage à ce moment-là, un timing impressionnant qui ne doit en rien à une quelconque mise en scène préméditée) ou les chars spéciaux, la France libre puisque nous étions à l’endroit où le général De Gaulle a refoulé le sol français le 14 juin 1944, après quatre années d’absence.
À Arromanches, perché sur la table d’orientation, je sensibilise l’auditoire l’aspect essentiel et souvent négligé de la logistique, avant d’inviter le groupe à gagner la petite ville passée à la postérité occasion pour quelques audacieux de s’offrir un tour en jeep sur la plage.
Partout, la foule des badauds et des reconstituteurs nous rappelle l’importance des commémorations en cours.
L’étape suivante, la batterie allemande de Longues-sur-Mer, occasion de présenter le « Mur de l’Atlantique » est le temps d’une pause bienvenue pour se détendre et se restaurer, avec la mer et les bunkers en toile de fond, mais aussi les fleurs printanières et tout cela sous un bleu azur qui nous a tant manqué ces dernières semaines.
Reste l’ultime étape – Omaha Beach – puisque poursuivre jusqu’à La Pointe-du-Hoc semble hasardeux en regard de la densité de circulation à l’approche du cimetière américain. La foule est au rendez-vous, ce qui gâche légèrement le recueillement devant les tombes immaculées impeccablement alignées et ordonnées, toutes orientées vers l’Ouest, vers les États-Unis. L’endroit reste émouvant, la vue sur la plage, magnifique, la présence de quelques vétérans, la sonnerie aux morts et les accents de cornemuse participant à la solennité du moment.
Nous emmenons ensuite les élèves sur le point d’appui allemand Wn 62, devant lequel les pertes américaines furent particulièrement lourdes, puis arpentons la plage, près de la zone où a débarqué Robert Capa, qui a immortalisé le Jour J avec ses fameuses photographies qui ont fait le tour du monde. Dernière visite, près du cimetière : un grand rassemblement de raretés, en l’occurrence des chars du Musée des Blindés de Saumur, côtoyant d’autres véhicules dont les experts ont su apprécier la présence.
Il a pourtant fallu s’extirper d’un mauvais pas puisque la sortie du parking du cimetière a exigé une heure d’effort et de patience à notre chauffeur et à ceux des nôtres demeurés à bord, dont l’infortuné Pierre Djian, dont je tiens à souligner l’esprit d’abnégation et de sacrifice…
Un seul regret : ne pas avoir fait découvrir le reste du site d’Omaha Beach aux participants (nous n’avons visité que l’extrémité est d’une plage qui atteint presque 7 kilomètres).
Un grand merci à Marie Hottin, Aurélie Lafon, Riccardo Bergomi et Pierre Djian d’avoir encadré les élèves, et dans la bonne humeur, au cours de ce périple.
Tous mes remerciements à l’A.P.E.L. et à M. Delèze qui nous a gracieusement accordé une subvention de 7,5 € par élève, sans laquelle cette sortie scolaire aurait été tout bonnement impossible.
Merci à M. Doudet et à son équipe pour la préparation fort matinale de l’indispensable pique-nique, réconfort salvateur après des heures de voyage et de visite à mon écoute.
Merci enfin aux élèves qui sont venus, à leur sympathie et à leur bonne humeur : leur présence et leur attitude ont donné un sens à cette escapade normande.
Les marques de bronzage témoignent d’une journée ensoleillée, bien remplie, qui, je le pense, restera gravée dans les mémoires.
Benoît RONDEAU, Professeur