Autour des plans séquences
Pour la rentrée de la cinémathèque Jean-Paul II, les cinéphiles internes se sont retrouvés jeudi 3 octobre pour regarder et discuter ensemble d’extraits de films réunis autour d’une thématique, celle des plans séquences. Après avoir entrevu les particularités constitutives de ce type de plan, nous avons visionné Touch of Evil d’Orson Welles tourné en 1958. Les remarques pertinentes d’Hippolyte de Margon ont permis de mettre en évidence que la longue scène introductive qui suit le personnage principal à travers la ville frontalière du sud des États-Unis présente sans aucune coupure les personnages, les lieux, les enjeux de tout le film.
Mais il ne s’agissait là que d’un seul plan d’une durée d’environ trois minutes. Les internes ont alors examiné différents passages de L’Arche russe d’Aleksandr Sokurov sorti en 2002. Le film se révélait être d’un intérêt tout particulier pour notre question, puisqu’il est construit autour d’un unique plan séquence de 87 minutes. Comme l’a justement remarqué Éloi de Pradier d’Agrain, nous suivons alors une caméra qui, telle l’âme d’un narrateur déambule à travers l’espace du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, mais aussi à travers le temps. La performance est alors tant d’un point de vue de la réalisation qu’également pour les nombreux acteurs qui interagissent parfois longuement et sans trucage.
Et c’est là une différence majeure avec 1917 de Sam Mendes, sortie en 2019 qui donne l’illusion d’un plan séquence unique, mais qui reconstruire à partir de plusieurs plans coupés. Les internes présents ce soir-là furent tous particulièrement perspicaces à trouver les traces parfois très subtiles de ces coupures.
Julien DEHUT, Maître d’Internat