La journée d’un Chef d’Établissement n’est pas une sinécure ; c’est un fait. Parfois, les soucis s’accumulent et demandent patience, discernement et volonté. Parfois, ce sont même des contrariétés qui surviennent inopinément ; elles deviennent sources d’humilité et exigent compréhension, voire remises en perspective. Mais parfois aussi, un petit rien vient illuminer votre journée, d’autant plus magnifique qu’il est inattendu.

Lundi dernier, en plein rendez-vous d’inscription en Sixième, la petite sœur d’une élève se lève soudainement, s’approche du bureau du Directeur et lui tend un papier bleu. « C’est pour toi ; c’est moi qui l’ai fait » annonce la voix fluette. La solennité du rendez-vous est immédiatement suspendue ; reste une pure émotion, des regards qui échangent un respect réciproque, la fierté de faire plaisir et la reconnaissance d’accueillir avec élégance cette feuille de papier.

Du haut de ses 5 ou 6 printemps, elle s’aperçoit que vous êtes touché. En plein cœur. L’œil enfantin est visiblement amusé d’avoir touché la cible ; l’œil de la « grande personne » s’humidifie légèrement : on n’est pas loin d’une perle. « Bonum diffusivum sui » disait Saint Thomas d’Aquin. Oui, le bien se diffuse, se répand et rayonne ; surtout par des petites choses d’une infinie délicatesse. Certes, la journée d’un Chef d’Établissement n’est pas une sinécure ; mais rien que pour ces instants emplis de grâce, d’une grâce simple et merveilleuse, ça vaut les coups, ça vaut le coup !

Merci infiniment.

Jean-Dominique EUDE, Directeur