Je n’échoue pas ; j’apprends
Lundi 27 janvier dernier, 14h55, un homme passe le pas de la porte de notre classe de Terminale. Nous le reconnaissons vaguement en sa qualité d’ancien élève de l’Institution, M. Kivici nous explique la raison de sa venue : « l’échec ». C’est un tournant bien surprenant par rapport à tous ceux qui sont venus jusque-là pour nous présenter diverses formations, puisqu’en effet, tous avaient réussi. D’autant plus dans une formation aussi rigoureuse qu’il a décidé d’arrêter il y a peu ; en outre, nous sommes beaucoup à avoir une certaine inclination pour la matière ainsi que la volonté de poursuivre nos études dans ce sens. Pourtant cette dernière est plus que sélective, une fois dans le cursus, au moins la moitié des étudiants choisissent de la quitter. Et c’est là que l’intervention prend tout son sens, comprendre les raisons d’un échec c’est s’armer pour l’éviter.
L’homme en face de nous n’est pourtant pas un parangon de bêtise, pas plus qu’un mauvais élève en substance, en témoigne sa réussite au Baccalauréat et ses résultats. Quelles affres pourraient donc dérouter un homme qui ne semble pas prédestiné à l’échec ? Son récit nous l’explique.
Par son prisme, les cours, leurs horaires et même l’ambiance régnant dans son université érigent cette même faculté en un véritable pandémonium intellectuel ; on y décèle alors une évidente rancœur dirigée contre la formation qui lui a déplu, précisant lui-même par ailleurs de nuancer ses propos, de ne pas les prendre au pied de la lettre, de ne pas faire de son cas un exemple pour autant.
Il nous rassure d’ailleurs : la faculté c’est aussi la liberté, et une vie étudiante plus souple, si l’on daigne s’y investir, car c’est bien là qu’il a fauté. Ce genre d’étude n’est que l’extension d’un mode de travail qui nous est inculqué ici. Du travail tous les jours, de la rigueur dans ses révisions et une volonté certaine d’être la meilleure version de nous-même.
Dans un second temps, nous parlons de sa vie depuis qu’il a quitté ses études, l’échec et ses conséquences. En l’espèce, de ses difficultés à trouver un travail, à occuper ses journées, et de son retour à Parcoursup. C’est l’occasion pour lui de nous avertir de ne pas mettre de choix de facilité sur la plateforme, et de viser ce qui nous plait réellement, au risque, sinon, de connaître les mêmes déboires que lui. Ce qui, je l’avoue volontiers, n’enchante personne dans l’assemblée.
Au final, cet homme, s’étant fièrement posé comme un héraut des échoués, comme un portefaix des embûches scolaires, nous a permis de nous éclairer sur le sinueux chemin des études supérieures. Son intervention, ainsi que celles de ceux passés avant lui teintent de clair-obscur le portrait jadis sombre de notre avenir. Et il ne tient maintenant plus qu’à nous d’y ajouter une dernière couche de lumière.
Élif DEMIREL, élève de Terminale 1