08 Sep

Le pape invite les parents à faire confiance aux enseignants

Francois

Cultivez « la confiance à l’égard de l’école et des enseignants », c’est l’invitation du pape François en recevant les membres de l’Association italienne des parents (Associazione Italiana Genitori AGe), pour le 50e anniversaire de sa fondation, hier, 7 septembre.

Devant les 1400 participants réunis dans la Salle Paul VI du Vatican, le pape a déploré la rupture du pacte éducatif plaidant pour une alliance entre les parents, premiers éducateurs et les professeurs, « alliés les plus précieux » dans l’éducation.

Voici la traduction du discours que le pape a prononcé à cette occasion.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je suis heureux de vous souhaiter à tous la bienvenue, représentants de l’AGe, Associazione Italiana Genitori, qui fête cette année ses 50 ans. Une belle ligne d’arrivée ! Et une occasion précieuse pour confirmer les motivations de votre engagement en faveur de la famille et de l’éducation : un engagement que vous poursuivez selon les principes de l’éthique chrétienne, afin que la famille soit un sujet toujours plus reconnu et protagoniste dans la vie sociale.

Beaucoup de vos énergies sont consacrées à accompagner et à soutenir les parents dans leur devoir éducatif, spécialement en référence à l’école, qui est depuis toujours le partenaire principal de la famille dans l’éducation des enfants. Ce que vous faites en ce domaine est vraiment méritoire. Aujourd’hui, en effet, quand l’on parle d’alliance éducative entre école et famille, on en parle surtout pour dénoncer sa disparition : le pacte éducatif est en déclin. La famille n’apprécie plus comme il fut un temps le travail des enseignants – souvent mal payés – et ces derniers ressentent la présence des parents dans les écoles comme une ingérence ennuyeuse, jusqu’à les mettre à l’écart ou les considérer comme des ennemis.

Pour changer cette situation, il faut que quelqu’un fasse le premier pas, en vainquant la peur de l’autre et en tendant la main avec générosité. Pour cela je vous invite à cultiver et à alimenter la confiance à l’égard de l’école et des enseignants : sans eux vous risquez de rester seuls dans votre action éducative et d’être toujours moins en mesure de faire face aux défis éducatifs qui viennent de la culture contemporaine, de la société, des mass media, des nouvelles technologies. Les enseignants sont, comme vous, engagés tous les jours au service éducatif de vos enfants. S’il est juste de déplorer les éventuelles limites de leurs actions, il est nécessaire de les encourager comme les alliés les plus précieux de l’entreprise éducative que vous poursuivez ensemble. Je me permets de vous raconter une anecdote. J’avais dix ans, et j’ai mal répondu à la maîtresse. La maîtresse a appelé ma maman. Le jour suivant, ma maman est venue et la maîtresse est allée la recevoir ; elles ont parlé, puis ma maman m’a appelé, et devant la maîtresse elle m’a grondé et m’a dit : “Demande pardon à la maîtresse”. Je l’ai fait. “Embrasse la maîtresse”, m’a dit maman. Et je l’ai fait, et puis je suis retourné en classe, heureux, et l’histoire était close. Non, elle n’était pas close… Le second chapitre, c’est quand je suis rentré à la maison… Cela s’appelle “collaboration” dans l’éducation d’un enfant : entre la famille et les enseignants.

Votre présence responsable et disponible, signe d’amour non seulement pour vos enfants, mais pour ce bien de tous qu’est l’école, aidera à dépasser de nombreuses divisions et incompréhensions dans ce domaine, et à faire que soit reconnu aux familles le rôle premier dans l’éducation et dans l’instruction des enfants et des jeunes. Si en effet vous les parents, avez besoin des enseignants, l’école aussi a besoin de vous et ne peut atteindre ses objectifs sans réaliser un dialogue constructif avec ceux qui ont la principale responsabilité de la croissance de leurs élèves. Comme le rappelle l’Exhortation Amoris laetitia, « l’école ne se substitue pas aux parents mais leur vient en aide. C’est un principe de base : « Toutes les autres personnes qui prennent part au processus éducatif ne peuvent agir qu’au nom des parents, avec leur consentement et même, dans une certaine mesure, parce qu’ils en ont été chargés par eux » (n. 84).

Votre expérience associative vous a certainement appris à compter sur l’aide réciproque. Rappelons le sage proverbe africain : “Pour éduquer un enfant il faut un village”. C’est pourquoi, dans l’éducation scolaire, la collaboration entre les diverses composantes de la communauté éducative ne doit pas faire défaut. Sans communication fréquente et sans confiance réciproque on ne construit pas la communauté et sans la communauté on ne réussit pas à éduquer.

Contribuer à éliminer la solitude éducative des familles est un devoir aussi de l’Eglise, que je vous invite à sentir toujours à votre côté dans la mission d’éduquer vos enfants et de faire de toute la société un lieu pour la famille, afin que toute personne soit accueillie, accompagnée, orientée vers les vraies valeurs et mise en mesure de donner le meilleur de soi pour la croissance commune. Vous avez donc une double force : celle qui dérive du fait d’être association, c’était-à-dire des personnes qui s’unissent non pas contre quelqu’un mais pour le bien de tous, et la force que vous recevez de votre lien avec la communauté chrétienne, où vous trouvez inspiration, confiance, soutien.

Chers parents, les enfants sont le don le plus précieux que vous avez reçu. Sachez le protéger avec engagement et générosité, en leur laissant la liberté nécessaire pour grandir et mûrir comme des personnes à leur tour capables, un jour, de s’ouvrir au don de la vie. L’attention avec laquelle, comme association, vous veillez aux dangers qui attentent à la vie des plus petits ne vous empêche pas de regarder avec confiance le monde, en sachant choisir et montrer à vos enfants les meilleures occasions de croissance humaine, civile et chrétienne. Enseignez à vos enfants le discernement moral, le discernement éthique : cela est bon, cela n’est pas si bon, et cela est mauvais. Qu’ils sachent distinguer. Mais cela s’apprend à la maison et s’apprend à l’école : conjointement, toutes les deux.

Je vous remercie pour cette rencontre et je vous bénis de tout cœur, vous, vos familles, et toute l’association. Je vous assure de mes prières. Et vous aussi, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci !

(Traduction de Zenit, Anne Kurian)