Conférence pour les Orthophonistes
A l’initiative de Mme Karine Masure, Professeur référent de la section Orthophoniste de JP2Sup, nous nous sommes rendus avec nos étudiants à l’Église Saint Jean-Baptiste de La Salle pour y assister à une Conférence-Débat sur le thème « Les questions que nous nous posons dans la rencontre des musulmans et de l’islam ».
Le public était nombreux : des paroissiens, mais également tous les élèves de Terminale du Sacré-Cœur.
Le Père Pierre Belhache, prêtre de la paroisse, a prononcé quelques mots d’accueil et présenté le conférencier, Emmanuel Pisani, Directeur de l’Institut Supérieur de théologie des religions, à l’Institut Catholique de Paris et spécialiste du monde musulman et de l’islam.
Le Père Bellache, en préambule, a interpellé l’assemblée avec cette question :
Quand on est convaincu par sa religion, pourquoi aller écouter l’autre… ?
Le Frère E. Pisani a lui introduit avec une question de philosophie :
Est-ce que, si nous pensions tous la même chose, si nous adhérions tous à la même religion ou à la même non-religion, le monde serait en paix ? L’unité, l’homogénéité de nos pensées assurerait-elle l’harmonie du monde ?
Certains le pensent et pensent qu’en éliminant les religions, ou encore que s’il n’y avait qu’une seule religion, il n’y aurait plus de problème… Pourtant, derrière l’unité, il peut y avoir un ennemi commun. On est alors unis pour la guerre, pour un conflit, contre quelqu’un… Et cette unité, totalitaire et porteuse de violence, conduit à l’éclatement (Récit de la tour de Babel).
En revanche, quand on est différent, de religion différente, ou encore agnostique ou athée, il est possible d’entrer en dialogue. Dans l’esprit de Dieu, la rencontre est possible, la communion est possible mais difficile.
En effet, il y a de nombreuses rencontres ratées ; quand il y a manipulation, agression, reproches ou encore lorsque la rencontre s’appuie sur la séduction. La rencontre peut également être ratée par excès de générosité, un excès de charité où l’autre n’existe que pour recevoir. Dans tous les cas, elle est ratée si l’on se sent supérieur à l’autre.
La vraie rencontre nécessite un don mutuel.
Alors, elle peut être réussie…
Ce qui est important, c’est d’adorer en Esprit et en Vérité, (Jésus et la femme samaritaine).
Chercher et questionner, faire preuve de finesse et de sagacité. L’Esprit vivifie et donne du souffle.
Être dans une démarche de vérité ; j’aime Dieu de tout mon être car je crois qu’il est la Vérité. On ne peut dire cependant que l’on détient la Vérité qui est Dieu. On peut seulement s’en approcher et en capter quelques rayons…
Dans la rencontre, il faut aussi savoir se taire.
(La femme adultère : « Ils disaient cela pour lui tendre un piège, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur le sol. »)
Il faut écouter l’autre comme un philosophe.
Entrer dans la pensée de l’autre, écouter en profondeur pour s’ouvrir à son mystère, permettra la fécondité du dialogue et aussi d’avancer en humanité.
Nous sommes souvent attachés à nos richesses matérielles et spirituelles. (Le jeune homme riche : « Si tu veux être parfait, va vendre ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi ».)
Nous ne voulons nous séparer d’aucun élément de notre foi. Or la manière dont on regarde sa foi peut évoluer. Les premiers Chrétiens ont ainsi repensé la foi chrétienne en découvrant les philosophes Platon, Aristote…
Le dialogue permet cela, il élargit les choses et rend notre propre foi plus claire. Pour autant on ne se départit pas de sa foi.
Alors en amitié, quand il y a des moments difficiles, il ne s’agit pas de fuir mais de persévérer dans les dialogues et les échanges que nous pouvons avoir les uns avec les autres.
Geneviève GOUJON