Bonheur d’exister ; rêver d’éternité
Glacé devant son miroir, on le voit ; il est là : le premier cheveu blanc. C’est la locomotive d’un horrifiant cortège où les rides et les douleurs remplissent tous les wagons. C’est le début du tunnel : la mort nous guette au terminus.
Le voyage est rempli, de nos jours, d’affiches publicitaires : produit liposuceur, cure thermale dans les Vosges, lasérisation sanguine, séquençage des génomes… Les communicants et la médecine s’entendent pour entretenir le jeunisme ambiant. Il n’y a plus à réfléchir : tout le monde doit jeter son corps dans un même bain de Jouvence.
Pas de pitié pour la mort ! Woody Allen en est sûr : c’est à elle de crever ! S’il confie ses raisons dans Manhattan, Beigbeider, lui, ajoute dans Une vie sans fin celles pour lesquelles il veut sauver la sienne.
Les étudiants de BTS2 ont dû surenchérir. Dans le cadre de l’enseignement dédié à la culture générale (et précisément au thème « corps naturel, corps artificiel »), chacun a imaginé un livret pour décliner vingt bonheurs d’exister et faire – par sa couleur, sa poésie, son design et sa fantaisie – rêver d’éternité.
Le résultat est tombé. Magnifique ! Intime, émouvante, généreuse, chaque page rappelle l’essentiel : vivre est un art. Nos étudiants ont su même y joindre la manière.
Christophe RENAULT, Professeur