Mois de Mai, mois de Marie
Dimanche 3 mai 2020
Aux fidèles du diocèse de Rouen
Chers amis,
Le mois de Mai commence. Le Pape FRANÇOIS nous rappelle que c’est le mois de MARIE. Il invite chacun à prier le chapelet. Il donne le secret de cette prière : la simplicité. Si vous n’y êtes pas habitués, faites-vous aider par un frère ou une sœur. Vous pouvez aussi lire sa lettre sur le site du Vatican [ICI].
Se laisser prendre la main par MARIE pendant ce mois, encore très spécial, fera du bien. Nous la prions en l’appelant Notre-Dame de « Bonsecours ». Devant elle, je consacrerai le diocèse à la Vierge MARIE, Mère de l’Église, dès que possible avec quelques représentants, puisque nous ne pouvons le vivre le lundi 1er juin avec tous ceux qui le souhaitent. Chacun peut se préparer à s’y unir : [ICI].
Dans la prière à Notre-Dame de Bonsecours, j’aime demander : « Que ta tendresse maternelle s’étende sur l’Église et le monde ».
Tous ensemble
En ces jours, nous sommes – Église et monde – plus que jamais liés, et c’est bon. Le confinement est pour tous. Nos gouvernants ont la lourde tâche de discerner ce qui est possible, bon pour notre santé, celle des soignants, celle des personnes plus fragiles, celle des travailleurs, celle des communautés humaines ou spirituelles. Nous avons, au cœur de ce monde, à être des témoins du Ressuscité … priant l’Esprit Saint.
Chaque soir, sauf oubli, j’ouvre ma fenêtre ou je sors dans le jardin pour applaudir les soignants. J’applaudis des gestes techniques mais surtout l’engagement, le cœur des soignants qui tiennent la main de leurs patients. L’Esprit Saint est là.
Bien sûr, notre foi en JÉSUS nous révèle davantage que la santé de notre société ne se résume pas aux seuls indicateurs économiques ni même à des couleurs sur une carte de France. Je ne suis pas certain que nous sommes bien compris de ce point de vue. L’amour fraternel, le respect des autres, la prière, les sacrements sont tous au service du bien commun. Le salut et la santé sont deux mots très proches. Jésus est venu pour guérir et sauver. 2
La cellule du cœur
En tous les cas, la question se pose donc maintenant : comment allons-nous vivre cette nouvelle attente ? Comment allons-nous vivre après le 11 mai où, si tout va bien, nous pourrons sortir, faire des courses, reprendre telle ou telle activité ? Comment allons-nous vivre sans pouvoir encore aller à la messe, vivre des baptêmes ou mariages tant attendus ?
Permettez-moi d’abord de vous parler d’une amie, CATHERINE, puis de vous donner trois conseils.
Mon amie CATHERINE, c’est sainte CATHERINE de Sienne. Jeune fille, elle veut entrer au couvent. Son Papa, lavandier, a besoin de bras pour battre les draps, les étendre et les plier. Son affaire marche bien. Il refuse que CATHERINE quitte la maison. Pas très contente, elle se coupe elle-même les cheveux pour montrer qu’elle ne veut pas se marier. Elle travaille dur et, de temps en temps, se cache sous l’escalier pour prier.
Un jour, JÉSUS lui-même entre en dialogue avec CATHERINE, alors qu’elle prie :
– Que veux-tu ? – Je veux devenir tertiaire dominicaine et entrer dans leur maison – qui à l’époque est une maison fermée –. Je voudrais passer ma vie avec vous, mon Seigneur, Je vous aime … dans ma cellule nous serions tous les deux, moi et vous, moi à vous servir, à vous louer, et vous à m’aimer.
JÉSUS répondit : – Un jour, tu iras. Pour l’instant, sais-tu dans quelle cellule j’aimerais habiter avec toi ? – Non, dit CATHERINE. – J’aimerais habiter la cellule de ton coeur ; c’est là que je voudrais t’aimer et me laisser aimer par toi.
Vous comprenez aisément quel est mon premier conseil. Vous le suivez déjà depuis presque deux mois. Ayons le grand désir d’habiter notre propre coeur et d’y retrouver Celui qui nous aime plus que tout, avec nos blessures, nos attentes, nos grands désirs, nos joies, à commencer par celle de Le connaître. Pour vous aider, allez sous l’escalier ou dans un coin de votre chambre chaque jour 10 ou 15 minutes. Je sais que beaucoup ont aménagé des espaces prière avec une bougie, une croix, une bible, une icône ou une image.
Préparer la rencontre
Mon deuxième conseil dépend de la réponse à la question : qu’est-ce que cela change d’attendre encore trois ou quatre semaines de plus sans messe, sans baptême, sans mariage ?
Je sais que cela change beaucoup pour certains. Il y a ceux qui sont concernés par un mariage, un baptême, une première communion ou une confirmation parfois attendus depuis si longtemps ; il y a aussi ceux et celles pour qui l’assemblée du dimanche est si importante, parfois pour connaître un temps de répit ou de paix dans une semaine très dure. Nous n’y pensons pas toujours : en venant à l’assemblée, nous aidons les autres qui, pour certains, portent des vies très difficiles.
Alors, ce deuxième conseil est d’attendre la reprise des messes non comme un droit mais comme une nouvelle rencontre d’amour, une grâce. Je vous conseille d’être à nouveau des fiancés qui attendent de rencontrer l’être aimé, chéri, l’être qui m’aime, qui nous aime. Les Apôtres sont déjà joyeux après la résurrection, mais ils attendent encore l’Esprit Saint, la grâce des grâces.
Venez rendre visite dans vos églises, toujours ouvertes, à JÉSUS Ressuscité. Après le 11 mai, il n’y aura plus de contrainte de temps et de distance, à l’exception de la distanciation physique et du respect des gestes barrières. Venez passer un moment auprès de JÉSUS Ressuscité, présent dans l’Eucharistie. Il est possible aussi de se confesser. Pourquoi ne pas vivre maintenant notre confession pascale ?
Mon troisième conseil est de penser encore et toujours aux autres avant soi-même. Quel geste, quelle visite est maintenant possible pour mes proches ? Comment suis-je attentif aux difficultés que le confinement engendre autour de moi … ? Comment je me réjouis des nouvelles attentions ou relations qui sont nées pendant ce temps et qui peuvent encore naître, être fortifiées ? Comment je me réjouis de retrouver les frères et soeurs qui, peut-être, souffrent plus que moi de l’absence d’assemblée en chair et en os ?
Voilà, je vous souhaite un beau mois de mai, avec MARIE. Je veux vous dire que, de tout cela, il peut sortir du bien, comme la résurrection est au bout du chemin de la Passion … plus exactement comme l’Esprit Saint, l’Esprit de Pentecôte est le début d’une nouvelle manière de vivre.
Priez pour moi. Je prie pour vous.
Avec amitié !
+ DOMINIQUE LEBRUN Archevêque de Rouen
Vous pouvez aussi consulter le message vidéo qu’il adresse à tous en consultant la chaîne YouTube du diocèse : ICI