Solennité de l’Annonciation
Aujourd’hui, 25 mars, Solennité de l’Annonciation…
Point de départ de la mission divine du Christ, l’Annonciation a concentré toute l’attention des artistes depuis les premiers siècles du christianisme. Comment représenter ce « oui » de Marie qui a changé l’avenir de l’humanité ? La variété des iconographies témoigne de cette réflexion qui n’a jamais cessé d’inspirer l’art.
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« Sois sans crainte Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus », dit l’ange Gabriel à la jeune Marie alors qu’elle est fiancée à Joseph.
Célébré dès le Ve siècle, l’épisode de l’Annonciation tient une place majeure dans la foi chrétienne car il manifeste l’Incarnation. Par Marie, Dieu se fait homme dans le Christ. De cette Incarnation découle tout le reste : la mort du Christ, sa résurrection et notre rédemption. Sans le « oui » de Marie, rien n’aurait été possible. Un épisode capital que les premiers chrétiens avaient bien intégré et qui, très tôt, s’est traduit de manière picturale.
Les premières scènes de l’Annonciation se retrouvent dans les catacombes romaines comme en témoigne celle de Priscille. On peut aussi admirer un très bel exemple du Ve siècle sur l’arc de triomphe de la basilique Sainte-Marie-Majeure : Marie, vêtue comme une princesse romaine, tient dans sa main un fuseau avec lequel elle tisse le voile en pourpre destiné au temple dont elle était la servante. Cette mention du voile en pourpre, tiré du Protoévangile de Jacques (IIe siècle) — non reconnu canoniquement par l’Église — témoigne de l’érudition des artistes qui mêlaient tradition populaire et textes évangéliques.
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Figurer le monde divin et humain
Conscients que Marie et l’ange Gabriel ne sont pas de même nature, les artistes s’interrogent rapidement sur cette dualité et réfléchissent à la meilleure manière de représenter ces deux êtres que tout oppose. Les techniques iconographiques rivalisent d’imagination pour souligner, de manière visible, les deux dimensions, à la fois humaine et divine. Alors qu’un artiste décidera de marquer une séparation nette entre les personnages au moyen d’un cadre architectural, un autre modifiera les couleurs en offrant à l’ange des couleurs dorées et éclatantes et à la Vierge des couleurs plus froides comme le rouge et le bleu. L’attitude est aussi flagrante : au cours des premiers siècles, la Vierge a une attitude de soumission. Elle accueille le message de l’ange et accepte sa mission : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1, 38). De son côté l’ange Gabriel est immense, lumineux, les ailes grandement déployées. Il manifeste la volonté divine. Ses positions varient à la faveur des artistes : volant dans les airs, il est parfois placé sur un nuage, comme en apesanteur. D’autres fois, il semble descendre en trombe des cieux. Sinon, c’est avec délicatesse qu’il s’approche de Marie, sur la pointe des pieds.
Plus tard, Marie prendra de plus en plus de place. Une évolution qui ira de pair avec le développement de la dévotion mariale. Davantage représentée comme une « reine » honorée de la mission divine, elle délaisse petit à petit cette image de servante soumise. L’ange est davantage représenté agenouillé. Il se prosterne, signe de son respect pour celle qui été choisie pour porter le Fils de Dieu.
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Marie, l’ange mais pas que !
Si dans la scène de l’Annonciation les personnages principaux demeurent Marie et l’ange, il n’est pas rare de voir s’inviter au cœur de la scène d’autres figures qui enrichissent le discours. Dieu le Père est ainsi parfois représenté sous la forme d’un vieillard dans le ciel. Il regarde, d’un œil bienveillant, l’accomplissement de son projet divin. Le Saint-Esprit, sous la forme d’une colombe, n’est jamais très loin non plus. Placé au-dessus de Marie, il dirige ses rayons lumineux vers la Vierge. Le long de ce rayon, on devine parfois une version miniature de l’Enfant-Jésus portant une croix et qui descend, tout doucement, vers le ventre de Marie. C’est aussi parfois Joseph, que l’on voit à proximité. S’il ne se situe pas au cœur de la scène, il est placé dans une autre pièce en train de travailler. Sa mission n’a pas encore commencé à cet instant précis mais sa compagnie rappelle qu’il a, lui aussi, un rôle à jouer dans la mission divine.
Enfin, l’un des éléments les plus intéressants à observer dans les scènes de l’Annonciation est l’expression de Marie. Tour à tour surprise, troublée, gênée, interrogative, soumise ou méditative, elle semble éprouver différentes émotions. Au XVe siècle, Fra Roberto Caracciolo da Lecce expliquait que Marie était passée par « cinq phases » au cours de l’Annonciation : le trouble, la réflexion, l’interrogation, la soumission, le mérite. Des états psychologiques qui ont largement influencés les artistes qui n’ont pas hésité à puiser dedans pour évoquer l’état psychologique de la Vierge.
Pour découvrir la richesse des représentations de Marie et l’ange dans l’Annonciation, cliquez sur le diaporama : ICI. Source : Aleteia.
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Enfin, avec cet Ave Maria interprété en hébreu, le chœur familial Harpa Dei livre une méditation vocale qui résonne comme une invitation à entrer dans le mystère de l’Annonciation : ICI.