Longue vie à notre Δημοσθένης !
Démosthène ; une « bête » oratoire !
Il était là, vieux et fatigué, avec son air de bête blessée, posé sur l’étagère 1_4.
Nous l’avons tout de suite aimé… Ses pages s’étaient affaissées n’en pouvant plus de cette station debout depuis le jour de sa naissance en 1572. Affaibli aussi sans doute par un épisode humide ayant lésé les coins de plusieurs dizaines de pages, il attendait un soutien, de l’aide pour se relever.
La restauration du dos, relativement bien conservé, fut assez aisée. En revanche, il nous fallut le secours des mains expertes de Martine Crober, Professeur d’Anglais à l’Institution, désormais à la retraite, pour lui confectionner un habit sur mesure et au goût de l’époque ; carton, papier de soie froissée, brou de noix, cire, le voici rhabillé pour quelques décennies encore… ou plus, si Dieu le veut !
Il le méritait, pour avoir traversé les siècles en faisant preuve de tant de persévérance à l’instar de Démosthène, orateur brillant, obstiné et infatigable. Ce dernier nous laisse de précieux enseignements. Il nous dit la victoire possible de la technique et de la persévérance sur le handicap car l’orateur était bègue. Il dit aussi que l’élève devient citoyen par la prise de parole et que c’est par cette parole, rempart de la démocratie, que le citoyen-législateur définit ensuite les règles de vie pour les autres et pour lui-même. Il démontre la force de la parole politique et du dire vrai…
En 336 avant Jésus-Christ, un duel oratoire (ancêtre de nos concours d’éloquence…) l’opposa à Eschine, orateur attique, et homme politique athénien partisan de la puissance macédonienne et soutien de Philippe de Macédoine. Battu par Démosthène, Eschine fut condamné à payer une amende et préféra s’exiler. A quelqu’un qui s’étonnait de ce qu’il ait perdu, il répondit « C’est parce que vous n’avez pas entendu la bête ! »…
Longue vie à notre Démosthène et un immense merci à toi Martine pour ton aide précieuse !
Olivia PAPLORAY et Geneviève GOUJON