En long, en large et en travers
Le Portrait, en long, en large et en travers : interprétation et transcription.
Cette belle visite était centrée sur le portrait, une thématique très large mais rendue accessible par la vaste collection du musée des Beaux-Arts de Rouen. Au cours de notre visite, notre guide nous a fait découvrir l’autoportrait peint vers 1691, de Jean-Baptiste Jouvenot. Comment aborder le portrait sans parler de l’autoportrait, la représentation de l’artiste par lui-même qui, s’efforçant d’être objective, se rapproche pourtant bien plus de la subjectivité, puisqu’il s’agit ici de la représentation ; de la vision que l’artiste a de lui-même. A la fois louable et tragique, l’essai qu’est l’autoportrait est intemporel par sa technique et éphémère par l’instant-clé qu’il a cherché à représenter.
Par la suite, nous avons pu découvrir le Portrait d’une dame âgée peint en 1603 par Jan Claesz. La temporalité est le point central du portrait. Il cherche à graver non pas une vision égocentrique, mais bien au contraire universaliste, l’impact du temps marquant chaque homme et femme de la Terre. Cette femme est ici gravée dans le temps, même si l’instant lui-même semble échapper à la narration.
Le portrait est un exercice stylistique précis inventé dans l’Antiquité, souvent destiné aux temples et aux églises. Sculpture ou peinture, il cherche à graver une vision de soi ou de l’autre, pour le présent et le futur. Ainsi, dans cette optique éternelle, le portrait est souvent mis en scène, le sujet « enjolivé », pour laisser une image parfaite et stylisée de l’être. Dans Le portrait de Louis XIV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud réalisé en 1701, le roi impose sa présence par sa posture et les symboles monarchiques.
Avec l’arrivée du mouvement impressionniste, le genre du portrait n’aura plus le même sens, il deviendra un prétexte comme un autre sujet pour peindre. Amedeo Modigliani peint en 1913 Paul Alexandre devant un vitrage. Il utilise avec cette force la stylisation par la ligne, traduisant les traits en signes simples, évacuant la pupille des yeux, mettant au point une poétique toute nouvelle effigie intemporelle, essentielle, mais personnelle.
Mais aucun portrait ne nous a plus frappé que le portrait de la femme décédée réalisé par un anonyme de l’école flamande, vers 1621. Peint deux heures après le drame, ce portrait a retenu notre attention par sa violence presque crue. Le sujet en est même précisé par un court texte en latin figurant sur le verso du tableau en haut à droite.
Il expose celui qui l’observe à la peur de la mort dans toute sa simplicité. On ne trouve ni théâtralisation ni symbolique méliorative : les mains crispées de la femme et son regard tourmenté n’expriment rien d’autre que la souffrance propre à la condition humaine. Reflet de soi ou de l’autre, le portrait n’est en réalité que le reflet de l’homme dans la gloire ou la mort.
Une visite intéressante qui nous permettra de réfléchir, d’enrichir nos analyses pour notre cours de philosophie
Fantine CADILHAC, Terminale 3, et Peter LOWE, Terminale 1