Une visite exceptionnelle
La nouvelle vient de tomber : le lundi 31 juin prochain, le pape François rendra « une visite exceptionnelle » à l’Institution Jean-Paul II. Les termes du chirographe émis par la Cité du Vatican sont sans ambiguïté : « Pour marquer son indéfectible soutien à l’œuvre remarquable réalisée par la Communauté Éducative de l’Institution Jean-Paul II de Rouen, le saint Père a décidé de lui rendre une visite exceptionnelle et discrète, en fin d’année scolaire, le lundi 31 juin prochain, et en fin de matinée ». Pouvait-on espérer meilleur cadeau et plus belle reconnaissance ?
Inutile de préciser que dès la reprise des cours, demain, chacun s’affairera à préparer cette visite. Il est déjà entendu que tous les élèves porteront le polo et que tous les professeurs et membres du personnel auront à cœur de se mettre sur leur trente-et-un (tout en blanc), la liberté de conscience de chacun restant sauve. Il paraît aussi déjà évident que tous les cours du matin seront supprimés – nous venons de solliciter l’accord de Mme la Rectrice – de même que les DS du samedi précédent et les épreuves de natation synchronisée dans la piscine de l’Institution (cf. news du 1er avril 2014, Yearbook 2013-2014, pp. 298-299).
Sans doute influencés par l’ambiance de Pâques, d’aucuns ont proposé de sonner la cloche de la Cour d’Honneur, lorsque la Papamobile franchira le portail ; il semblerait néanmoins que ce ne soit pas du goût du Souverain Pontife, peu enclin aux pompeuses démonstrations. Pour rester simples, donc, la sonnerie pourrait être modifiée sur un air de Tosca, puisque c’est son opéra préféré. En parallèle, une chorale va être constituée pour égayer un temps de récréation, et nous sommes à la recherche de son chef. L’idée a émergé de demander à un autre François, notre cher Président… Les pourparlers sont en cours, car sa première réaction aurait été : « Si Tosca avait été basque, j’aurais très probablement accepté… ».
Quant aux internes, ils prévoient un match de foot (dont une équipe porterait évidemment le maillot de l’équipe d’Argentine et il est donc fort probable que notre Jason devienne le Messi du jour). On nous rapporte que son acolyte, Julien, porterait bien, lui aussi, le maillot de la fameuse Selección de fútbol de Argentina, pour échanger avec le pape sur la fameuse, maradonesque et énigmatique « main de Dieu ».
Un déjeuner est sans doute à organiser pour le pape qui, tel Lucullus, est réputé fin gourmet ; il est certain que demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, notre cher Jean-Mi aura déjà concocté ses idées de recettes : empanadas ou cappelletti ? À moins que ce ne soit un asedo, plat de viande traditionnel argentin, dont on dit que le chef de l’Église catholique le cuisine comme un/notre Chef !
À cette heure, nous ignorons combien de temps durera cette escapade. Nous allons rapidement étudier, en lien avec la Compagnie Générale Tyrrhénienne, spécialiste des exfiltrations discrètes, les conditions pour un retour efficient dans la Ville éternelle, dès le lendemain, persuadés que le pape François ne pourra garder qu’un inoubliable souvenir de cette parenthèse rouennaise qui, d’ores-et-déjà, nous honore.
Corbeau Furtif