01 Nov

Toussaint / Tous les saints / Tous saints / Tout saint

Quand vous lirez ce texte, vous aurez déjà pu voir dans les rues de nos villes et de nos villages, de nombreux étals de chrysanthèmes, les fleurs traditionnelles de la Toussaint (il s’en vend 23 millions chaque année !). C’est peut-être ce qui fait que de nombreuses personnes ignorent facilement le vrai sens de cette fête, et associent « Toussaint » avec « le jour des morts » et avec une visite tout à fait louable au cimetière sur la tombe de celles et ceux qui nous ont précédés. Mais, comme le suggère le titre de ce court article, cette fête est beaucoup plus riche qu’il n’y paraît.

Certes, c’est un jour où l’on pense aux défunts. Mais si l’on a la foi, on pense aussi à « tous les saints » qui vivent désormais dans la gloire du Ciel parce qu’ils ont tout fait, dans leur vie, pour la rechercher. C’est à ce titre que nous les invoquons, car s’ils ont connu cette vie sur terre ils n’ont pas oublié pour autant qu’elle est aussi et surtout le chemin qui mène au Ciel.

C’est pourquoi nous les invoquons : afin qu’ils nous aident à ne pas oublier cette belle réalité : Dieu m’a créé pour me donner le bonheur éternel, mais ce bonheur n’est pas un dû. Il s’agit plutôt d’une conquête. Regardez ce qu’a écrit un moine d’Orient : « Pour la plupart des chrétiens, la vie dans le Ciel c’est qu’un supplément – qu’ils se représentent très mal – de la vie terrestre. La vie dans le Ciel serait en quelque sorte un post-scriptum, l’appendice d’un livre dont la vie terrestre serait le texte même. Mais c’est le contraire qui est vrai. Notre vie terrestre n’est que la préface du livre. La vie dans le Ciel en sera le texte… Nous pensons trop à ce qu’est maintenant notre vie. Nous ne pensons pas assez à ce qu’elle sera. Notre vie serait transformée si nous jetions nos cœurs de l’autre côté de la barrière, au-delà de ce monde, dans le Royaume où se trouvent non seulement notre vrai bien, mais le vrai bien de ceux que nous aimons ».

Voilà pourquoi, à la Toussaint, nous invoquons « tous les saints » afin qu’ils intercèdent pour nous et nous guident vers le vrai Bien, et concrètement vers la sainteté. On peut écrire aussi « Toussaint » en deux mots : « Tous saints ». Nous sommes tous appelés à la sainteté, comme le rappelle saint Paul dans son épitre aux Éphésiens : « Béni soit Dieu, … Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour » (1, 4). Que cette fête liturgique soit pour nous le rappel de cette volonté divine. Et dans cette recherche de la sainteté, nous sommes tous solidaires, et c’est pourquoi nous prions les uns pour les autres. Car pour « apprendre à donner sans compter », nous avons besoin de la prière de tous. Les saints (les canonisés) nous aideront, certes, mais aidons-nous aussi les uns les autres.

Et l’on peut finalement écrire aussi « Toussaint » en deux autres mots : « Tout saint » : il faudrait que tout ce que je fais, dis, pense, projette soit saint. Que je m’efforce d’éloigner de mon comportement et de mes pensées ce qui serait un obstacle sur ce chemin qui doit me conduire au Ciel. C’est tout l’enjeu de cette fête. Que notre Mère Sainte Marie nous guide et nous protège.

Source : site « Le Rasso », Abbé Gérard THIEUX