Homélie du Père Maheut (Confirmation du 21 mai 2011)
Institution Jean-Paul II – 21 mai 2011
Je ne sais pas si vous êtes sensibles à la symbolique des chiffres, mais cette fête de la confirmation est marquée par un chiffre éminemment important qui est le chiffre 7.
Vous êtes 7 à recevoir aujourd’hui le sacrement de confirmation.
Ce sacrement est celui dans lequel on reçoit les 7 dons de l’Esprit Saint.
Ce sacrement est pour vous le renouvellement de la Pentecôte qu’on le célèbre 7 semaines après Pâques soit au bout de 49 jours (7×7).
Nous sommes samedi qui est le 7ème jour la semaine.
Nous sommes le 21, un nombre particulier puisque le 7 y est multiplié par le 3, autre chiffre symboliquement fort.
Plus anecdotique, l’un des vous a écrit à l’archevêque dans sa lettre de demande de la confirmation que de tous les arts il préférait le 7ème et celui-là, qui est le seul à avoir inscrit son adresse en tête de sa lettre, habite au numéro 7 de sa rue !
Vous êtes donc 7 à recevoir les 7 dons de l’Esprit, au septième jour de la semaine, en renouvellement de la Pentecôte qui a lieu 7 semaines après Pâques.
Alors quelle la signification de ce chiffre 7 qui semble marquer de manière particulière votre confirmation ?
Sa première signification, c’est la totalité, la plénitude.
Quand on arrive au 7ème jour de la semaine, on a vécu la semaine dans sa totalité et il n’y a plus d’autre jour à attendre. Le 7 exprime la totalité du temps.
L’Eglise, dans sa tradition, a gardé ce chiffre 7 pour exprimer la plénitude de ce qu’on peut recevoir et vivre : les 7 vertus (les 3 théologales et les 4 cardinales), les 7 sacrements et bien évidemment les 7 dons de l’Esprit.
Ce jour de votre confirmation est donc un jour de plénitude, vous êtes arrivés au bout de quelque chose, vous avez reçu la totalité de ce qu’on pouvait recevoir.
En vous faisant partager les 7 dons de son Esprit, Dieu se donne à vous en totalité, complètement, sans rien retenir.
Il vous donne tout ce dont vous avez besoin pour vivre votre foi et devenir des hommes et des femmes accomplies : la sagesse et l’intelligence, le conseil et la force, la connaissance, l’affection filiale et la louange.
C’est parce que Dieu se donne à vous totalement qu’on peut dire que ce sacrement fait de vous des chrétiens confirmés, des chrétiens accomplis.
Après le baptême et la première communion, ce sacrement de confirmation achève votre initiation chrétienne, vous êtes arrivés au terme d’un chemin initiatique. Vous n’êtes plus des enfants dans la foi, vous êtes maintenant considérés comme des chrétiens adultes sur lesquels l’Eglise peut compter.
Cela se traduit par le fait que vous allez pouvoir être choisis pour être parrain ou marraine de plus jeunes. Vous êtes reconnus comme des personnes capables de guider d’autres sur le chemin de la foi, comme des gens capables d’aider les autres à grandir.
Quelque chose c’est accompli en vous. Vous faites partie des chrétiens confirmés, des chrétiens solides. C’est une grande joie, comme chaque fois qu’on passe une étape de sa vie, c’est aussi une responsabilité.
La deuxième signification du chiffre 7, et qui découle logiquement de la première, c’est la perfection. Le chiffre 7 indique ce qui est parfait, ce à quoi il n’y a rien à ajouter. Le don que Dieu fait de lui-même en nous donnant son Esprit est un don parfait. Dieu se donne à nous totalement, dans la perfection de son amour pour nous. On ne peut pas aimer plus que cela.
Par la confirmation vous êtes touché par la perfection de l’amour. Personne d’autre ne pourra jamais vous aimer comme Dieu vous aime aujourd’hui.
Mais ce don à une conséquence que Jésus indique dans l’Evangile. C’est que vous devez être parfaits vous aussi. La perfection de l’amour de Dieu doit faire de vous des êtres parfaits.
« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Vivre en chrétien confirmé c’est donc chercher à devenir parfait : parfait dans l’amour des autres, parfait dans le partage, parfait dans le respect, parfait dans le travail, parfait dans la fidélité à la prière, parfait dans l’évitement de tout ce qui est contraire à la perfection que Dieu attend de nous. Chercher la perfection c’est fuir la paresse, l’hypocrisie, la tricherie, l’ivrognerie et tant d’autres choses qui vont à l’encontre du bien que Dieu veut pour nous.
L’ambition que Dieu a pour nous et qu’il met en nous en nous donnant son Esprit c’est l’ambition de la perfection.
Vous serez reconnus comme des témoins de la foi, comme des saints, à votre perfection humaine.
Placée sous le chiffre 7, la confirmation est donc destinée à faire de vous des chrétiens accomplis, des hommes et des femmes parfaits. Devant une telle exigence, on peut comprendre que vous ne soyez que 7 à avoir accepté de la recevoir !
Pour affronter cette exigence, il faut donner une dernière indication sur le chiffre 7, c’est qu’il est le résultat de l’addition de deux autres chiffres symboliques le 4 et le 3.
Le 4 c’est le chiffre du monde avec les 4 points cardinaux et les 4 éléments. C’est aussi le chiffre de notre humanité appelée à vivre dans ce monde et le rendre meilleur tant il est blessé par le mal qui l’habite.
Le 3 c’est le chiffre de Dieu qui est Père, Fils et Esprit.
Les hommes et les femmes que nous sommes appartiennent au 4. Nous faisons partie de ce monde marqué de tant de fragilités. Et les jeunes, peut-être plus encore que les adultes, perçoivent bien leurs propres faiblesses et leurs imperfections. Une des grandes épreuves de la jeunesse c’est de découvrir, et de découvrir de plus en plus tôt, que la perfection n’est pas de ce monde.
Mais votre chance à vous jeunes chrétiens, c’est de savoir que ce monde en souffrance est aimé, béni et sauvé par Dieu. Qu’en son Fils Jésus le 3 s’est uni au 4, que la divinité a épousé l’humanité et que l’humanité possède un avenir en Dieu.
Si la confirmation est une exigence, elle est d’abord une chance et une grâce.
La grâce de se savoir rejoints par Dieu y compris dans nos faiblesses, la grâce de se savoir accompagnés par lui dans les réussites comme dans les échecs de nos vies, la grâce de se savoir aimés malgré les questions et les doutes qui demeurent.
La perfection de l’amour de Dieu vous rejoint aux commencements forcément fragiles et inquiets de vos vies. Qu’elle vous donne confiance et ambition. Qu’elle grave au fond de vos cœurs cette parole de Dieu chère à Jean-Paul II et dont on dit qu’elle se trouve 365 fois dans la Bible, une fois pour chaque jour : n’ayez pas peur !
Père Philippe MAHEUT